Le quartier de Kawéni, devenu urbain parce que centre d’affaires avec 700 entreprises qui y siègent, et aussi ce conglomérat de cases en tôles qui y ont poussé au gré des arrivées. « Autrefois, on cultivait de l’ylang ylang et de la canne à sucre ici exploités par Cananga », rappelle Stéphanie Goudard, la directrice de Projet de Rénovation Urbaine. « Je me sens un peu chez moi ici », nous glissait d’ailleurs, Aktar Djoma, le directeur de Distrimax, groupe Cananga, présent lors de l’inauguration.
Le maire de Mamoudzou Mohamed Majani s’en faisait écho dans son discours devant un parte terre d’invités, « vous êtes ici chez vous ». Les deux conseillères départementales Raïssat Andhum et Mariame Saïd, n’étaient pas les seules à accueillir avec bonheur cette invitation, car ils sont déjà plusieurs à se partager les locaux : l’équipe projet bien sûr, mais aussi le cabinet d’architecte, le paysager, les équipes institutionnelles, l’Etat, le vice-rectorat, les associations, le conseil citoyen, le Sieam, l’ARS, les Naturalistes, l’Adie…
Et face à la jeunesse venue en nombre, l’édile recommandait de « prendre soin et de respecter ces lieux ». La madrassa Nour de Kawéni, prenait le relais en chantant un khaïra Baria.
Après les discours, dans la grande salle de la maison de projet, des groupes étaient constitués pour échanger autour du projet de Nouveau programme de Rénovation urbaine (NPRU). Des cerveaux immédiatement entrés en ébullition, mais en raison de la forte chaleur qui y régnait, en l’absence de climatisation, pour une conception qui a voulu privilégier la ventilation naturelle… pas tenable.
« Ici, ça construit tous les jours ! »
Nous l’avions évoqué, un projet de rénovation urbaine, c’est long, « signé en 2010, celui de M’gombani va à peine se finir là », et les habitants demandent des réponses concrètes assez rapidement au regard des besoins, « on nous interpelle sur la saleté, sur les raccordements déficients en eau potable, sur l’insuffisance de voies, il va donc falloir déjà répondre aux besoins immédiats en matière d’équipements », constate Stéphanie Goudard.
Mais les actions de court terme conditionnent celles à plus longue échéance en matière d’urbanisme, il faut donc faire de la micro et de la macro prévision, et il va falloir toute l’expérience de Philippe Eysseric, directeur de Techné Cité, sociologue urbain, entre autre pour venir à bout du défi.
Car à Kawéni, ce n’est pas facile, comme l’expliquait l’architecte David Cheyssial : « Ici, ça construit tous les jours. Si on veut proposer une vision globale de quartiers, il faut stopper ces extensions, sinon nous n’arriverons pas à repenser la cohérence pour répondre aux problématiques d’équipements et d’espaces publics. »
Un défi à la densification qui ne lui semble pas impossible, « ici, quand on explique bien pourquoi on veut canaliser ces constructions, les gens comprennent et l’acceptent. C’est essentiel si on ne veut pas avoir à tout détruire et à reconstruire dans 20 ans. »
Le débat se poursuivait entre élus, institutionnels et habitants durant la matinée.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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