Marie-Joseph Malé, PDG de la compagnie Air Austral était venu parler de sa filiale Mahoraise Ewa Air* aux médias, au lendemain du conseil d’administration qui se tenait ce lundi en fin d’exercice IATA** d’avril. C’est le 4ème exercice complet pour la compagnie à capitaux réunionnais (51%) et mahorais (49%), marqué par l’achat en novembre 2016 d’un 2ème ATR, « nous avons accru nos capacités de 100%, il faut être vigilant sur l’absorption de cet investissement », introduisait-il.
Pas de panique pour l’instant, puisque si l’année 2017-2018 a été « en dents de scie », pour Marie-Joseph Malé, « des résultats positifs » sont à attendre, compte tenu des 68.500 passagers, qui assurent 76% de parts de marché à la compagnie. « Le démarrage fut compliqué au 1er trimestre IATA d’avril à juin, nous avions surestimé la capacité par rapport à la faible demande, une partie de la clientèle ayant été détournée vers la ligne Réunion-Mayotte en raison de la guerre tarifaire menée par Corsair ».
Ewa pas pire que la SNCF
Autre problème qu’a dû surmonter la compagnie, la ponctualité des avions, « qui est passé de 80% de taux de ponctualité, des retards de moins de 15 mn, à 78% en raison d’incidents techniques », informe le PDG. La compagnie Ewa est la seule à être basée à Mayotte, et aux problèmes de stockages des pièces qu’il faut rapatrier de La Réunion, se rajoute celui de « la compétence des équipes sur place à Mayotte », « un problème de maturité », rectifie Dominique Dufour, Secrétaire général d’Air Austral, « nous avons besoin d’équipes de plus en plus expérimentées et nous devons aider nos 6 techniciens à se former ».
Mayotte découvre en effet ce rôle de hub, avec toutes les contraintes de réactivité que cela suppose. Et devra assurer car les perspectives sont bonnes, et cela pour deux raisons. Tout d’abord, une bonne partie de la clientèle d’Ewa descend directement du 787 du vol direct d’Air Austral Paris-Mayotte, pour s’envoler vers les destinations régionales, « de 15 à 30 voyageurs, c’est à dire entre le quart et la moitié de l’ATR », déclare le PDG. Ils se rendent majoritairement à Nosy Be, Diego, Majunga ou Moroni.
Air Austral étend sa domination dans la région
Un afflux de passagers qui va se renforcer avec l’évolution de la fréquence de la ligne directe Mayotte-Paris à 5 vols par semaine, un succès qui ne se dément pas, « nous avoisinons toujours les 95% de taux de fréquentation », se réjouit Marie-Joseph Malé.
Ensuite, en absorbant, pardon « en se mariant avec », Air Madagascar, Air Austral tue la concurrence régionale et crée un partage de lignes qui lui est favorable vers les dessertes d’Ewa Air : « Trois vols par semaine sont affrétés à Air Madagascar sur la liaison Majunga-Tananarive, et nous mettons en place un accord de code share sur la ligne Nosy Be-Diego ». La liaison Dzaoudzi Tananarive suspendue en novembre 2017, reprend également en code share (partenariat entre les deux compagnies), « pour un billet vendu entre 450 et 500 euros ».
Le succès d’Ewa Air devient donc de plus en plus lié à celui d’Air Austral. La ligne directe en particulier, dont les tarifs seront regardés de prés alors qu’Air Austral subit de plein fouet la concurrence de la low cost French Blue (désormais French Bee), sur le Réunion-Paris. « Nous avions anticipé justement en créant la ligne directe Mayotte-Paris ». Le PDG ne sera-t-il pas tenté de compenser ses pertes par une hausse des tarifs sur cette desserte : « La structure tarifaire est la même depuis 3 ans sur ce direct, malgré un carburant 80% plus cher ici qu’à La Réunion, et ne devrait pas augmenter, sauf en cas de hausse internationale des prix du fioul ».
Marie-Joseph Malé s’en persuade, « le meilleur hub dans cette zone, c’est Dzaoudzi ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
*Ewa Air dessert Mayotte, les Comores (Moroni et Anjouan), la Tanzanie (Dar Es Salam), Madagascar (Diego, Tananarive, Nosy Be, Majunga)
** IATA : Association Internationale du Transport aérien qui définit l’année du mois d’avril à mars
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