C’est à un jeu de rôle qu’ont assisté les élus, le patronat devant les médias ce mercredi dans l’hémicycle Younoussa Bamana. Les leaders syndicaux se sont changés sans avertir quiconque en acteurs, avec dans le rôle du méchant flic, heu pardon, syndicaliste, Rivo, et du gentil, Saïd Hachim, membre du Collectif. Ils avaient si bien travaillé leurs rôles que la dernière sortie de Rivo évoquant un « croche-pied » de la part des élus sur l’avertissement d’Anchya Bamana, maire de Sada, sur les nombreux décès liés aux barrages, « il y en a plus que 2 », aurait presque pu passer pour véridique…
On perd d’ailleurs tous nos doutes à la lecture du communiqué des leaders de ce mercredi matin, (Communiqué – Collectif et Intersyndicale du 27 mars 2018) qui accuse « la Directrice du CHM et la Vice-Rectrice qui, depuis le début de la grève, justifient leur position farouchement opposée aux intérêts des malades et des élèves mahorais, en mettant en avant, de prétendus dysfonctionnements du CHM et du système éducatif à cause de notre grève font tout un tas de manœuvres pour la rendre impopulaire. » Les urgentistes du SAMU à cet égard menacent d’un droit de retrait pour des « dysfonctionnements sur les barrages.
« Le monde entier nous a entendus ! »
Autant dire que la rencontre entre élus, leaders et patronat avait commencé à couteaux tirés au point que la séance dut être suspendue après le « sketch » de Rivo demandant de maintenir la pression et de fermer entreprises et mairies jusqu’à mardi. « En fait, c’était un test de votre unité ! », lâchaient-ils après la suspension de séance, en ayant fait manger leur chapeau à leurs interlocuteurs, qu’ils accusent de récolter un peu trop facilement les fruits d’un mouvement qu’ils ont mené, « et tout ça, parce que vous, élus, n’avez jamais défendu les intérêts du territoire ! »
Car élus comme patronat avaient refusé d’obtempérer, « pendant tout ce mouvement, nous sommes restés à notre place, celle d’élus qui n’enfreignent pas les lois de la République », avait indiqué quelques heures plus tôt Mohamed Majani, maire de Mamoudzou. Tandis que Fatima Souffou, 1ère vice-présidente, dont les interventions ont régulièrement ramené le calme, notamment quand elle réclamait une expression respectueuse à un El-Anzize Hamidou énervé, expliquait que point n’était besoin d’actions supplémentaires pour se faire entendre, « le monde entier nous a entendus ! »
Mais avec un grand pas vers les leaders, puisqu’ils reconnaissaient quand même, par la voix de Saïd Omar Oili, président de l’Association des Maires, qu’en réponse à “la faillite de la société à Mayotte”, “vous avez eu le courage d’aller ‘gréver'”, “vous avez eu cette audace de dire ‘ça suffit !'” Une intervention applaudie par les leaders.
Tous pour 101, 101 mesures pour tous
Néanmoins, les syndicalistes, plus que les membres du collectif, demandaient de « maintenir le rapport de force pendant les négociations avec la nouvelle mission ». Il est en réalité question de maintenir des barrages fluides, « qui laissent passer les gens sur des tranches horaires », nous expliquait Salim Nahouda jusqu’au début des négociations vendredi.
L’objectif de la rencontre était de proposer un document commun. Chacun ayant cogité sur le sien, élus, patronat… celui du Collectif-Intersyndicale en comporte 101… comme le nombre ordinal de notre département. Or, la mission va demander un seul document de travail. N’ayant pas le document en main, élus comme patrons ont demandé des garanties que ces 101 mesures, « non chiffrées pour l’instant, comme l’a demandé la ministre », ne soient pas contraires à leurs objectifs, « faites nous confiance », ont répondu les leaders… un peu sur le même mode qu’Annick Girardin à leur encontre.
« C’est un accord d’unité historique », se réjouissait Fatima Souffou. Des délégations seront formées pour entamer le travail de construction de cette nouvelle Table revendicative.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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