Rouge pour les EMS du vice rectorat, jaune pour les médiateurs PEPS, fluo pour les membres des assos… Ce n’est pas un remake du Jeanine Médicament Blues de Goldman, mais les couleurs du dispositif de sécurisation des établissements scolaires sur la commune de Mamoudzou. Ce mardi matin, ils étaient partout, jusque sur les hauteurs de Bandrajou, pour prévenir tout débordement après les débuts de bagarre du weekend.
Déambulant d’un spot à l’autre, quatre mousquetaires en tee-shirt blanc se démarquent. Sur leur top, le logo du service civique, estampillé Police Nationale.
Nicolas, Roméo, Faysoil et Soidridine sont les quatre premiers volontaires du service civiques du commissariat de Mamoudzou.
“N’oubliez pas, pas de violence, on appelle la police s’il y a un problème, la discussion avant tout”. Avant de les lâcher sur le terrain, Thierry Lizola, le policier en charge du bureau Partenariat et Prévention (BPP) briefe les quatre jeunes. “Soyez exemplaires vous représentez la police nationale. Sur le terrain, vous être les premiers représentants de l’Etat.”
“Leur but c’est d’anticiper toutes les problématiques qui pourraient impacter les établissements scolaires, les élèves et les professeurs”, explique Thierry Lizola. “On est dans le cadre de la police de proximité du quotidien, c’est une co production de sécurité”.
Avec tous les autres acteurs cités plus haut, ces jeunes ont une grosse mission de prévention. Avec eux, la police se pose dans la même logique que ces médecins chinois qui ont vocation de soigner avant que le patient ne soit malade. Et avec 12.000 élèves à Kawéni, la tâche est ardue.
Issus des quartiers de Kawéni, Doujani et Cavani, ils déambulent d’un point à l’autre et discutent avec les jeunes et les moins jeunes.
“Vous êtes en pause, vous n’avez pas cours ?” Sur le plateau sportif du collège K1, les volontaires interrogent un groupe d’élèves d’ages divers qui jouent au ballon. “S’ils ont cours, on leur demande d’y aller, car c’est ici qu’on est déjà intervenus pour une bagarre” explique Nicolas.
“Le but c’est qu’ils se sentent en sécurité rebondit Faysoil. Quand on passe dans les quartiers, les mamans sont contentes et voudraient qu’on engage plus de gens. Les jeunes aussi d’ailleurs”.
La veille en effet, ils étaient intervenus juste à côté pour une rixe entre collégiennes. Une jeune fille frappait une autre pour un sandwich. Fidèles aux consignes qui leur sont données, les volontaires ont appelé le poste. “Ils ont envoyé une patrouille. Maintenant les filles sont copines et quand elles nous voient, c’est : Salut ça va ?”
Mais parfois l’accueil est plus frileux. “Des fois on est mal accueillis explique Soidridine. On nous appelle les poulets. Dans ce cas, soit on discute, soit on les ignore, on laisse derrière.”
“Mais on essaye toujours de nouer le dialogue” rebondit Nicolas.
Dans les semaines et les mois à venir, les volontaires du service civique de la police pourraient être jusqu’à quatre fois plus nombreux. Le BPP rêverait d’en avoir quinze. Autour des établissements de Kawéni, ils travaillent en partenariat avec les associations. PEPS et ses médiateurs, mais aussi une trentaine de bénévoles issus du quartier, reconnaissables à leurs chasubles jaunes offertes par un entrepreneur local.
Car pour ces associations qui fournissent le gros de la main d’œuvre visible sur le terrain en prévention, les dons sont nécessaires. “On a fait une demande de subvention à la préfecture et à la mairie” explique Hithouwane Ibrahim, président du Collectif contre la délinquance à Kawéni. Mais les besoins restent forts en matériel ainsi qu’en nourriture et en eau pour les personnes sur le terrain. “On a besoin d’eau, de chasubles, de casquettes, de chaussures, de lampes torche. Il faut qu’on nous aide” conclut le responsable associatif*.
Non content d’avoir sécurisé les abords des établissements scolaires, ces bénévoles luttent aussi contre la délinquance jour et nuit et ont eux-même interpellé et livré à la police plusieurs voleurs ces derniers jours. Un exemple concret d’une population qui s’approprie sa sécurité. Et qu’il serait heureux de voir faire tâche d’huile dans toute l’île.
Y.D.
- Toute société qui souhaiterait faire un don au Collectif contre la délinquance peut s’adresser à Hithouwane Ibrahim au 06 39 07 85 12
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