Les membres de l’Intersyndicale et du collectif, initiateurs de la mobilisation contre l’insécurité, ont révisé un peu plus à la baisse la confiance qu’ils mettaient dans le gouvernement, et dans le rapport de mi-parcours qui sera fait par la délégation interministérielle au premier ministre Edouard Philippe, « nous n’avons aucun retour sur les axes retenus. On ne parle que d’une petite route, quand il faut des investissements massifs. Nous sommes inquiets, la méthode n’est pas claire, il aurait fallu au moins une rencontre commune entre les élus, les leaders et le patronat pour faire le point”, déplore Saïd Hachim, un des auteurs de la Plateforme de revendications.
Même défiance envers les élus du territoire d’ailleurs : ceux qu’ils ont rencontrés à Tsingoni samedi, ne sont pas les bons, pas ceux en tout cas qui seraient en négociation avec le premier ministre ce jeudi 19 avril.
« On risque de passer à côté ! », lâchent-ils après s’être concertés lundi. Car les enjeux sont énormes : « Étant donné l’ampleur de la crise qu’a suscité le mouvement, notamment sur le plan économique, on ne peut pas se permettre de se contenter d’autant de flou, et de perdre nos ambitions », déclare Saïd Hachim.
Mayotte écrasée par la SNCF
Ils ont donc décidé de monter au front, et si la Bastille n’est plus à prendre, de maintenir au moins la pression. Bien qu’aucun représentant du Collectif n’ait pu faire le déplacement, « nous n’avons pas les moyens de nous offrir un billet comme ça », glisse Saïd Hachim. Leurs porte-paroles seront Salim Nahouda, Balahachi Ousseni, et El Anzize Hamidou. Uniquement des syndicalistes donc, et aux caractères pas tous apaisés, « nous avons discuté avec eux du message à faire passer », assure-t-il.
Ils frappent haut et fort, puisqu’une conférence de presse est annoncée ce mercredi 18 avril à 16h devant les médias métropolitains, au siège de la CGT à Montreuil, en présence de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT et de Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière. Avec un gros risque, celui de greffer le dossier Mayotte sur celui de la grève des cheminots de la SNCF, et d’entrer d’emblée en conflit avec Edouard Philippe au moment où les élus doivent négocier.
« C’est une crainte, mais il faut tenter quelque chose pour se faire entendre. Nos élus ne sont pas à notre écoute, il a fallu les solliciter pour qu’ils nous entendent avant de partir, on leur court derrière, alors que c’est nous qui avons initié tout ça ! »
Parallèlement, une demande de rendez-vous a été officiellement adressée au premier ministre, « et avant que les élus aillent à Matignon, notre délégation va les rencontrer à la Maison de Mayotte dès ce mercredi ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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