Une belle tablée avec trop peu de monde, déplorera la vice-recteur Nathalie Costantini. Et pourtant, aux côtés d’Hervé Curat, le directeur de l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS), trône avec classe la sprinteuse de 44 ans, Christine Arron. Elle est venue prendre le départ de La Mahoraise, course non chronométrée de scolaires, réservée aux filles, et destinée à les « attirer vers le sport », rapporte Hervé Curat qui peut se féliciter d’avoir grâce à son déploiement d’énergie, fait grimper le nombre de licenciés de 2.500 à 10.000 en 7 ans.
Il explique son objectif à travers cet événement co-organisé avec SFR, « pour les valeurs que nous partageons » : « Nous avons moins de licenciés filles que de garçons. Or, il faut que le plus d’élèves possible aient accès aux offres sportives, mais aussi citoyennes, puisque nous aurons ce mercredi des jeunes juges, des jeunes reporters, de jeunes brigades vertes, etc. » « Plus que du sport », on vous disait, à l’UNSS.
C’est par cette petite porte qu’a d’ailleurs fait son entrée la Guadeloupéenne Christine Arron lorsqu’elle avait 11 ans, « après le karaté, j’ai commencé l’athlétisme à l’UNSS, en faisant les championnat de France ». Elle s’aperçoit qu’elle court vite, très vite même, « après avoir gagné les filles, les garçons voulaient se mesurer à moi ». Comme à Mayotte, dans son île à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’infrastructures, « mais je bougeais beaucoup, je nageais, il faut savoir utiliser l’environnement pour faire du sport, et surtout le vouloir. »
« C’était marche ou crève »
Plus tard, un petit sport-étude, « pas intensif, seulement 2 séances par semaine », puis ça se complique quand elle part loin de sa famille en métropole, « il faisait froid, la nourriture changeait, je me suis retrouvée à l’INSEP* dans une chambre avec 3 filles, comme en prison. » Elle met 5 ans à s’adapter, puis est repérée par un entraineur qui va lui en faire baver, « un vrai dictateur, nous étions dévalorisées, beaucoup d’athlètes sont parties. Mais ça m’a forgé un mental, et en m’adressant à lui, je disais, ‘tu vas voir !’ »
A 20 ans elle a un déclic, « il m’a fallu 4 ans pour apprendre à courir bien », et commence à obtenir des résultats en 1996. « Mais j’ai failli m’arrêter plusieurs fois, c’était marche ou crève, et je suis arrivée à me remotiver après les embûches. Beaucoup grâce à ma mère que j’avais tous les jours au téléphone. » La suite, on la connaît dans sa version podiums : championne du monde du relais 4 fois 100 m en 2003, et détentrice depuis 1998 du record d’Europe du 100 mètres en 10s 73.
Des jeunes toujours partant…
« Vous avez porté haut les valeurs de la République », relève la vice-recteur qui voit un modèle ultramarin de réussite pour beaucoup de jeunes filles, « elles sont peu à être incitées à la pratique du sport à Mayotte, plus souvent au ménage, alors que l’adolescence est la meilleure période pour exprimer ce qu’elles ont envie de faire. Et s’y tenir. Il y a moins de médailles olympiques à distribuer que de rêves à partager. » Surtout que selon David Hervé, à la Direction de la Jeunesse et des sports, « quand on propose quelque chose aux jeunes ici, ils sont toujours enjoués et partant. » Aurons nous droit à des programmation audacieuses de festivités sportives par le conseil départemental qui a l’ambition d’accueillir les Jeux des Iles ?
En tout cas, encore un défi en passe d’être réussi donc pour Hervé Curat, « à peine vous lui parlez d’un projet, qu’il est dessus, rapidement bouclé, parfaitement ficelé, un vrai régal pour nous autres services d’instruction », déclarait David Hervé. L’aide du conseil départemental est malgré tout la bienvenue notamment sur les transports pour assurer ce temps périscolaire qu’est l’entrainement dans le cadre de l’UNSS, « il y aura un marché des transports dédié à votre activité d’ici un an », promet le conseiller départemental Bourhane Allaoui.
Une initiative qui appelle déjà une deuxième édition déjà en réflexion. Ils seront au moins 3.650 à prendre le départ ce mercredi boulevard des crabes en Petite Terre, « chaque licenciée, collégienne ou lycéenne, devait inviter une non licenciée », de belles découvertes en vue, donc. Rendez-vous à 10h30 ce mercredi Boulevard des Crabes en Petite Terre pour une course que la vice-recteur veut dédier à la défunte recteur de Toulouse qui lui était proche.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* INSEP : Institut national du sport, de l’expertise et de la performance
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