Cette nouvelle structure sera composée de policiers, de gendarmes et de fonctionnaires des douanes, de la Dieccte et des impôts. Chacun mettra ainsi ses compétences propres en termes d’investigation au profit de la lutte contre l’immigration clandestine et contre les filières qui l’alimentent.
Le lancement de ce GeLic dans un contexte de blocage inédit avec les Comores, peut sembler paradoxal admet le préfet Dominique Sorain mais “il ne l’est pas”. Car si la diplomatie œuvre à rétablir des reconduites “régulières”, ce groupe d’enquête va surtout travailler sur les réseaux. “Le GeLic va s’attaquer aux ressorts économiques et financiers de cette immigration clandestine” explique le préfet qui fait l’analogie avec le GIR, dédié quant à lui à la lutte contre l’économie souterraine.
Les passeurs, guetteurs, hébergeurs et employeurs de clandestins seront donc dans le collimateur de la justice qui va généraliser une pratique sévère : la saisie avant jugement. Dans les faits il s’agit de saisir un terrain ou un véhicule ayant servi à des faits supposés d’aide au séjour. Déjà expérimenté, “nous allons intensifier ces actions” promet le procureur Camille Miansoni pour qui “appliquer des condamnations pécuniaires est un levier important pour porter un coup à ceux qui profitent de ces filières” et qui veut “taper au porte-feuille”. “Nous verrons si les tribunaux nous suivent dans cette stratégie nouvelle.”
Un travail multi-services
Le Gelic ne sera bien sur pas le seul service à travailler sur cette problématique, et d’autres services d’enquête de la police, de la gendarmerie et de la PAF poursuivent le travail.
Cette dernière est notamment très active sur le terrain pour interpeller des étrangers en situation irrégulière, et en mer pour saisir les kwassas et détruire le matériel de contrebande qui est quotidiennement importé depuis Anjouan. Même s’il n’y a pas d’expulsions, “ces interpellations ne sont pas du travail inutile, assure le préfet, les étrangers identifiés font l’objet d’une obligation de quitter le territoire, donc la procédure est déjà faite. L’île est petite” conclut-il, estimant qu’une fois identifiés une fois, les clandestins relâchés seront retrouvés sans peine quand les reconduites reprendront.
Depuis trois mois, outre les relations France-Comores, un autre point de blocage persiste. Le service des étrangers de la préfecture ne reçoit en effet plus aucune première demande, ne recevant que sur rendez-vous les personnes ayant déjà un titre de séjour à renouveler. “Le service n’a pas été rouvert pour éviter des troubles à l’ordre public”, explique le préfet. Toutefois selon lui ce refus de recevoir les premières demandes ne pose pas de problème au regard du droit d’asile. Les demandes d’asile ne sont qu’environ 600 chaque année, dont la moitié de Comoriens qui se la voient refuser. Seules 250 demandes annuelles sont acceptées, pour des ressortissants des pays de la région des Grands Lacs. Une mission de l’Ofpra, office français de protection des réfugiés et des apatrides, doit prochainement se rendre à Mayotte pour étudier le cas de ces immigrés africains, en nombre marginal mais néanmoins “de plus en plus nombreux” sur les Kwassas.
Y.D.
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