« Nous avons demandé des comptes au maire, qui nous a expliqué qu’il n’avait pas les fonds. Or, après avoir introduit une action en justice, il a avoué avoir reçu 400.000 euros. Où est passé cet argent ?! », interpellait Zamane, un membre actif de l’association « Les enfants de l’espoir de Ouangani ».
« La mairie a également reçu 75.000 euros, pour des tablettes numériques destinées à nos enfants. Aujourd’hui il n’y a aucune tablette dans nos écoles, et la municipalité prétend avoir acheté 120 tablettes, ça fait 625 euros par tablette ! », complète-t-il.
Le JDM s’est rendu sur place, à l’école maternelle de Barakani plus précisément, et a constaté les manques : pas de portail à l’entrée de l’école, les toilettes ne sont pas au normes, pas de portes dans les toilettes, le système d’incendie n’est pas en état de fonctionnement. En ce qui concerne l’équipement nécessaire au repas, il n’y a pas de chaise, ni de table pour manger, les repas sont apportés de la maison et sont réchauffés par les animateurs CUI pendant la pause, ni la ventilation ni la lumière ne sont opérationnelles. Quant à l’animation du temps périscolaire qui va de pair avec la mise en place des rythmes scolaires, elle est inexistante et il n’y a pas de matériel approprié.
Le 11 juin dernier, les parents d’élèves fermaient les classes qu’ils jugeaient insalubres. L’association créée pour cette occasion, mettait le maire en demeure et déposait plainte.
« 400.000 euros reçus mais pas fléchés »
Devant ce néant, certains parents ont refusé de laisser leurs enfants suivre les rythmes scolaires. Le réfectoire est plutôt un dortoir. Les enfants s’endorment dans une chaleur étouffante sur des tapis de gymnastique éparpillés dans la salle.
Un constat qui accable le maire, Ali Ahmed-Combo, que nous avons contacté. Il reconnaît avoir reçu les compensations financières correspondant à la mise en place des rythmes scolaires depuis 2014. Pour mémoire, la somme de 90 euros par élèves avait été débloquée, y compris dans les communes où les écoles en rotation retardaient la mise en place des nouveaux rythmes. « Sur quatre années, nous avons en effet reçu 400.000 euros, mais ils n’étaient pas fléchés ». En gros, le maire explique qu’il pouvait en faire ce qu’il voulait, « mais je les ai affecté aux écoles. Par exemple, lorsque l’école maternelle de Ouangani a été inondée et partiellement détruite, nous avons affecté prés de 300.000 euros à sa rénovation. J’ai conservé toutes les factures », explique-t-il.
Il n’en reste pas moins que les infrastructures scolaires sont dans un état lamentable. Le maire l’impute à l’enveloppe de programmation pluriannuelle insuffisante selon lui, « on ne me finance que des rénovations, pas de constructions ». Des rénovations peu concluantes. Ali Ahmed-Combo évoque plusieurs rencontres avec l’association « les enfants de l’espoir de Ouangani », « sous leur impulsion, on a commencé à rénover le réfectoire dans l’objectif de mettre en place les activités périscolaires. »
Les mauvaises conditions de scolarisation parlent d’elle-même, et l’association ne sait plus comment se faire entendre, et parle d’un « dialogue de sourd ». Espérons que la municipalité mettra à profit les vacances pour repenser les installations défectueuses.
La rédaction
Lejournaldemayotte.com
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