La mesure 37 du Plan Mayotte précise que « l’Etat lance une mission pour l’amélioration de la desserte aérienne de Mayotte, afin d’agir sur le prix des billets et de permettre à plus d’avions long courriers d’effectuer des vols sans escale de/vers la métropole. » Donc, d’inciter la concurrence à venir tâter les 1.930 m de la piste de Mayotte. On sait qu’en dehors des B787 acheté par la compagnie historique de l’île, point de salut en l’état actuel des techniques.
« Qu’ils viennent ! », semble d’ailleurs dire en substance Marie-Joseph Malé, qui garantit une totale transparence, « nous fournirons tous les éléments à cette commission gouvernementale. » Il rappelle à l’envi que sa grille de tarifs n’a pas augmenté depuis 2015. A l’époque, les prix du pétrole étaient en baisse, mais les compagnies s’abritaient derrière des taux de couverture, c’est à dire des achats antérieurs à des prix plus élevés, pour expliquer que les tarifs du transport ne baissent pas : « Il y avait une effet négatif sur la parité dollar, mais maintenant que ça s’est amélioré de ce côté, le prix du baril flambe ».
A Mayotte, les prix du kérosène défient toute concurrence, « plus cher de 80% par rapport à La Réunion ». Il ne fait naturellement pas sien l’argument du directeur de l’aéroport de Mayotte, Yves Christophe, qui estimait dans les colonnes du JDM que la concurrence aurait un impact plus important qu’une baisse du prix du kérosène, « surtout que les marges des compagnies ne sont que de 3% ».
Les voyageurs incités à passer par La Réunion
La difficulté pour le PDG d’Air Austral, c’est désormais de rentabiliser sa ligne Mayotte-Réunion : « Un Paris-New York en passant par Londres sera toujours moins cher qu’un vol direct, puisque c’est plus contraignant. Il suffit que les gens acceptent de passer par la Réunion pour diminuer le coût de leur voyage. Pour y inciter, on aurait pu vendre moins de places en tarifs loisir, or, cela n’a pas été le cas. »
Il espère surtout qu’un débat sur la continuité territoriale naîtra de cette étude gouvernementale, avec une participation de l’Etat dans ce cas. « Dans cette même logique, la région à La Réunion subventionne les ménages les moins aisés. » Il faut dire que le président de la Région, Didier Robert, est aussi président de la Sematra, actionnaire majoritaire d’Air Austral, ça motive…
Prisonnière des tarifs prohibitif du fioul, Air Austral l’est davantage depuis la liaison directe, « avant, nous faisions le plein à La Réunion. » Aujourd’hui, l’appareil fait des stops à Nairobi, « mais en saison chaude, parce que nous ne pouvons décoller avec de fortes températures ou depuis une piste mouillée. Economiquement, cela nous arrangerait de le systématiser ce stop, mais nous privilégions la rapidité de la liaison directe. »
Marie-Joseph Malé aime à le répéter : il est le seul à avoir tenu le coup, « XL est parti, et Corsair fait des va et viens, en vendant occasionnellement des billets sous le coût de revient sur La Réunion Mayotte. Mais nous, nous sommes toujours là. »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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