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samedi 2 novembre 2024
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La prévention, pivot du Projet de santé à Mayotte

François Maury, directeur général de l’ARS océan Indien a présenté ce lundi le projet de santé Réunion-Mayotte pour la décennie à venir.

«  A La Réunion, on a des enjeux de santé, à Mayotte on a des défis », une fois le contexte posé François Maury, directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) Océan Indien a rendu compte de l’élaboration et de la mise en en œuvre du projet de Santé 2018-2028 Réunion-Mayotte, signé le 29 juin dernier.  Le texte, propre à chaque « région de santé », ici le deux départements de l’océan Indien, a pour objectif de fixer les grandes orientations de la politique de santé sur un territoire et d’en hiérarchiser les priorités.

Pour Mayotte, s’il y a un mot à retenir, parfaitement en accord avec la politique de santé du gouvernement, c’est celui de la prévention. Avec la lutte contre les inégalités de santé, c’est le maître mot du plan national de santé publique présenté le 26 mars dernier par le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre des Solidarités la Santé, Agnès Buzyn.

Huit « orientations stratégiques » sont mises en avant: la santé nutritionnelle ; la qualité des vies des personnes âgées et handicapées ; la préservation de la santé des jeunes ; la prévention et la prise en charge des maladies chroniques ; la santé des femmes, des couples et des enfants ; l’environnement au service de la santé ; le renforcement de la veille sanitaire et de la réponse aux situations exceptionnelles en territoire insulaire ; enfin la promotion et la protection de la santé mentale.

Une méthode et quelques actions

Une fois les objectifs posés, c’est la méthode d’élaboration et les moyens d’y parvenir qui permettront de juger de leur pertinence, dans un contexte de contraintes propres à Mayotte : un centre hospitalier sous dimensionné, une médecine de ville embryonnaire, alliés à une croissance démographique continue et à une redondance des crises naturelles (sécheresse, séismes)*.

Les locaux de l’ARS à Mayotte

Pour éviter les erreurs de pointage, durant plus d’un an, entre 2017 et 2018, 200 acteurs de la santé à Mayotte (professionnels de santé, élus, représentant des usagers) ont été impliqués dans la construction du projet. Ce principe participatif devrait s’étendre de plus en plus à l’usager lui-même. « Il faut associer le Mahorais pour qu’il  devienne acteur du soin », explique Salim  Mouhoutar, directeur adjoint de l’ARS Mayotte.  Concrètement cela devrait aboutir à la création « d’une journée des usagers » et sur le plus long terme à la construction d’un lieu ad hoc permettant l’expression du droit des usagers.  « La création d’une maison des usagers va aider à ce que chacun connaisse son rôle. Il faut impliquer la population dans les actions de santé et que chacun joue un rôle dans la prévention », explique Salim Mouhoutar.

Pour ce faire, l’ARS met en avant le principe d’une santé communautaire, ancrée territorialement dans les quartiers, les villages et socialement dans les familles et associations. En ce sens  un diplôme universitaire (DU) de santé communautaire va ouvrir à la rentrée prochaine au CUFR de Démbéni pour animer cette dynamique. Il aura pour principal public les personnels des réseaux de santé et des collectivités.

« Nous sommes venus vous présenter une démarche, pas un document », appuie François Maury.
Si avec ce plan, l’ARS ne balise pas une litanie d’actions, mais des principes tendant à l’amélioration de la santé des Mahorais, certaines mesures sont annoncées.  Le fonds d’intervention régionale de l’agence sera doublé en 2 ans passant de 7,8 millions d’euros en 2017 à environ 15 millions d’euros en 2019.  Ce fonds permet d’appuyer les actions de prévention, l’amélioration du parcours de soin, mais « aussi des aides à l’installation pour la médecine de ville », argumente Étienne Billot, le directeur général adjoint de l’ARS Océan Indien, pour contrer le manque d’attractivité du 101e département. Trente postes d’assistants partagés vont également être créés, c’est-à-dire que de jeunes médecins pourront exercer 6 mois à 1 an à Mayotte sur une période de deux ans tout en restant praticiens de leur CHU d’origine.  Parent pauvre du système de santé à Mayotte, la Protection maternelle et infantile (PMI), responsabilité du département, devrait bénéficier d’un coup de pouce de 14 millions par an. Une convention sera signée en ce sens le 11 juillet prochain entre le président du département et le préfet.

Annoncé par la ministre Agnès Buzyn  en novembre 2017, le CHM, centre névralgique et macrocéphale su système de soin à Mayotte,  va bénéficier d’une enveloppe de 172 millions d’euros pour sa reconstruction.

AL

* Les quelques données du système de soin à Mayotte : 3 fois moins de médecins par habitant que la moyenne, 25 fois moins pour ce qui concerne les médecins libéraux, 1 seul centre hospitalier pour deux cent trente mille habitants, 4 fois moins de spécialités médicales et chirurgicales que la moyenne, 4 fois plus de mortalité infantile que la moyenne, 7,3% des enfants de moins de 5 ans en situation de sous-nutrition aiguë, 6 fois moins d’effort financier de la collectivité nationale que la moyenne.

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