A l’appel de l’intersyndicale et du Collectif des citoyens de Mayotte, environ 150 personnes se sont réunies ce jeudi matin sur la place de la République. Les manifestants ont défilé en fin de matinée dans les rues du chef-lieu. Une partie du cortège a investi les locaux du conseil départemental pour dénoncer l’inertie des élus, qualifiés de « vendus » par certains manifestants.
« Je suis là contre l’insécurité et après les manifestations qui ont eu lieu, on a l’impression que rien ne bouge. C’est surtout pour espérer que les reconduites recommencent pour espérer avoir un avenir meilleur », témoigne Fatima Saïd une manifestante.
Le lien entre faits de violence et arrêt des reconduites vers les Comores est une évidence dans les rangs des manifestants et de leur représentant. « On demande que l’Etat « tienne une position claire et ferme vis-à-vis des Comores pour une reprise immédiate » des reconduites, demande Maoulida Momed le chargé de communication du mouvement
La corrélation entre absence de reconduites et augmentation de l’implication des Comoriens dans des faits délictueux a été démentie mercredi par les forces de sécurité lors de l’annonce d’une baisse de la délinquance au premier semestre 2018 par le préfet.
La reprise des reconduites reste la priorité numéro du représentant de l’État, probablement plus pour apaiser les tensions sociales que pour un réel impact sur les faits de violences, si l’on en croit l’analyse que les ressortissants comoriens en situation irrégulière ne sont pas plus impliqués dans les faits de délinquance que le reste de la population.
Quant à la baisse globale des chiffres de la délinquance, Maoulida Momed, les balaye d’un revers de la main. « L’État donne les chiffres qu’il veut bien donner ».
L’impératif de la reprise des reconduites
C’est un sentiment d’attente et de frustration qui anime les manifestations. L’absence d’évolution du dossier des reconduites à la frontière fait craindre à une absence de volonté de l’Etat dans la résolution du contentieux diplomatique.
« On a suspendu la grève, mais trois mois après on ne voit pas d’issu et on est toujours sans reconduite, l’État est resté muet. Et sans reconduite à la frontière, les violences vont toujours existé à Mayoote» déplore également Saindou Batiston Aouladi, membre du Collectif du Nord.
Plusieurs événements ont pourtant eu lieu cette semaine, l’annonce d’une baisse des chiffres de la délinquance mais également la réunion du Comité de pilotage du plan annoncé par la ministre en mai dernier, entre État et élus locaux. « On est là pour leur dire qu’ils fassent leur boulot justement », explique Maoulida Momed ajoutant que ce Plan est « bien beau, bien écrit, mais dans les faits on ne le voit pas ».
L’intersyndical et les collectifs de citoyen participeront à ce même type de réunion de travail autour du préfet d’ici la fin du mois de juillet. Les organisateurs de la manifestation du jour doivent également se retrouver à la même période pour décider des suites à donner au mouvement.
Axel Lebruman
Comments are closed.