Deux sportives de haut niveau sont sur le territoire. Elles sont venues parler des valeurs de l’olympisme dans le cadre de l’organisation des JO par Paris en 2024, et se retrouvent malgré elles à entrainer des jeunes qui ne demandent que ça : « Ils sont enthousiastes, ont envie d’apprendre, ils ont surtout des capacités athlétiques incroyables ! A chaque séance avec deux classes du collège de Majicavo, j’ai identifié deux ou trois jeunes qui ont de réelles capacités. Je vais en parler à ma Fédération à Paris, mais il faudrait déjà pouvoir compter sur un entraineur sur place », rapporte Astrid Guyart, escrimeuse olympique et ingénieure aérospatiale. Elle appelle d’ailleurs tout entraineur d’escrime providentiel à se signaler*.
Les capacités des jeunes, tout le monde est d’accord sur le constat, mais que fait-on pour ces 100.000 jeunes scolarisés cette année, qui ne demandent qu’à s’épanouir par le sport ? On a parlé du sport-santé avec l’ARS ce mercredi soir au Comité Régional Olympique et Sportif (CROS), du sport scolaire, avec l’UNSS, du Sport-hygiène, du sport-discipline avec le Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA), mais quand parlera-t-on simplement du sport au niveau du Département ?
« Il faudrait organiser des compet’, se structurer en Ligue », plaidait mollement un participant, « mais il n’y a pour l’instant que 15 disciplines affiliées au national à Mayotte. Même l’athlétisme n’en fait pas partie », rétorquait Madi Vita, président du CROS Mayotte. Il déplorait le manque d’infrastructure, « aucune n’est aux normes, autant dire qu’il n’y a rien. » Et alors même que Mayotte postule pour l’organisation des Jeux des Iles de l’océan Indien en 2027. Bourhane Allaoui le conseiller départemental chargé du Sport se tassait un peu plus sur sa chaise.
A chaque infrastructure son talon d’Achille
Qu’a fait le Département ces dernières années à part nicher deux gymnases dans un même coin, en Petite Terre, territoire de l’ancien président Zaïdani ? « C’est dans la culture, il n’y a pas eu de levier », diagnostiquait prudemment Madi Vita qui dit avoir mis l’accent sur la formation depuis sa prise de fonction en 2009.
Un prof d’Education physique et sportive se félicitait d’avoir emmené il y a quelques années des jeunes mahorais au championnat de France du sport scolaire en athlétisme, « ils ont fini 3ème «. Il revient quelques années plus tard à Mayotte, « nous n’avons aucune piste d’athlétisme en Grande Terre pour les entrainer ». A Labattoir, il n’y a plus de sable pour le saut en longueur, à Cavani, une malfaçon sur la pelouse synthétique rendait le stade impraticable. Alors qu’il fallait emmener Astrid Guyart et Emeline Ndongué, internationale de basket, aux 196 sélections en équipe de France, visiter les infrastructures sportives, on s’interrogeait au Département, « quelle est la moins dégradée ? ». « Il faut les montrer toutes », tranchait Madi Vita.
Astrid Guyart rapportait avoir vu des jeunes, garçons et filles, jouer au foot sur le stade de Pamandzi, « pieds nus, avec des cages rouillées, si je les avais imités, j’aurais attrapé le tétanos ! »
Mayotte, combien de divisions sportives ?…
Les championnes sont là dans un but bien précis : faire en sorte que les Jeux Olympiques et paralympiques ne soient pas un one shot, « il faut mettre en place des organisations qui demeurent après. » Mais les acteurs mahorais semblent en attendre beaucoup, « comment Paris 2024 peut nous aider ? », interrogeait Tostao, président du comité de karaté. « Nous n’avons pas pour vocation à nous substituer à l’Etat ni à quiconque, mais il existe des programmes satellites à mettre en œuvre », répondaient-elles.
Le président de l’ANDES, L’Association Nationale des élus en charge du sport, invitait à répondre aux interrogations soulevées par cette réunion : « Nous pourrions déjà désigner dans chaque commune, des élus en charge du sport. Et nous attendons de l’Etat qu’il impulse des organisations qui fonctionnent. »
Un référencement est en cours, rapportait Patrick Bonfils, directeur de la Jeunesse et des Sports, « une liste d’infrastructures à rénover ou à mettre en place dans les communes. Et sur l’installation d’un Centre d’entrainement de haut niveau, des piscines lagunaires, et un bassin olympique. »
Le nouveau chef de corps du RSMA implorait les élus, « il faut redonner espoir aux jeunes ». Pour que, face à un ministre de l’Education nationale qui lui demande « Et à Mayotte, qui sont vos sportifs de haut-niveau ? », Madi Vita puisse sortir davantage de noms que Jeanine Assani Issouf…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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