29.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueiljusticeA la prison de Majicavo, des situations "qu'on n'accepterait pas en métropole"

A la prison de Majicavo, des situations "qu'on n'accepterait pas en métropole"

Tout récent, le centre pénitentiaire de Majicavo inauguré en 2014 est déjà trop petit selon le syndicat FO pénitentiaire qui reçoit ce week-end son secrétaire national. Le personnel dénonce un manque de personnel et la surpopulation carcérale, notamment dans le quartier des mineurs.

Après un passage à La Réunion où il a visité les trois sites pénitentiaires,Emmanuel Baudin, secrétaire national du syndicat FO Pénitentiaire est arrivé à Mayotte. Une visite qui aurait dû avoir lieu en début d’année mais qui avait été reportée en raison du mouvement social national dans la profession en janvier, suite à l’agression de plusieurs surveillants. Pour le syndicaliste qui a donc repris son tour des outre-mer, c’est l’occasion de rappeler les “4500 agressions physiques envers le personnel pénitentiaire chaque année” qui sont “devenues le quotidien des surveillants”.

A Mayotte, et en outre-mer en général, il constate un certain “respect de l’uniforme” qui subsiste. “En outre-mer, c’est encore le surveillant qui tient la prison, en métropole ce n’est plus le cas” accuse-t-il. Mais ce respect de l’uniforme est chancelant. “Ici c’est en train de décliner avec la nouvelle génération, déplore un surveillant. On a des jeunes qui ont été abandonnés, qui n’ont pas de cadre, c’est un nouveau profil qui se retrouve ici. On a encore une frange de détenus qui respecte, mais ça ne va pas durer” présage-t-il.
D’autant que d’autres phénomènes nouveaux viennent changer le paradigme local. L’arrivée de la chimique dans les prisons rend plus difficile la surveillance des détenus. “Certains arrivent à la promenade comme des zombies, c’est un phénomène de plus en plus important”.

La promiscuité inquiète aussi ces personnels qui voient des situations “qu’on n’accepterait pas en métropole”, comme le doublement des cellules de mineurs. Le quartier des mineurs de Majicavo compte 20 places, mais une trentaine de détenus. Certains sont donc à deux par cellule, une exception française. “Vous imaginez deux mineurs dans une cellule, la nuit il peut arriver n’importe quoi, alerte le secrétaire national”.

Un établissement “sous-dimensionné” à Mayotte

Emmanuel Baudin a visité la prison de Majicavo

Autre difficulté, la judiciarisation des pathologies mentales. “Au niveau national, on supprime des lits en hôpital psychiatrique, alors on les retrouve chez nous” poursuit-il.
Mayotte, qui ne dispose d’aucune structure adaptée pour les malades dangereux, est particulièrement exposée. “On reçoit beaucoup de jeunes qui sont à côté de la plaque et qui cassent tout, reprend le gardien mahorais. Il y a quelques semaines on a réceptionné celui qui a tué son frère, ça a été très difficile les premiers jours. Et ce n’est pas le seul, ils sont en détention classique, ce n’est pas un régime adapté du tout”.

Emmanuel Baudin dénonce pour l’outre-mer un secteur pénitentiaire “laissé pour compte” et pour Mayotte un établissement “sous-dimensionné” dans lequel le personnel se plaint de matériel défectueux, de portes qui tombent en panne quand il pleut…

Outre des revendications salariales, la priorité pour tous, c’est la construction de nouvelles cellules. “Il y a de plus en plus de peines alternatives et de bracelets électroniques posés, note un autre gardien, mais pas assez de places. La population de Mayotte va augmenter donc il faut aussi augmenter la capacité de l’établissement, et le nombre d’agents.
En septembre et octobre, deux promotions de nouveaux surveillants ont été recrutées. Sur 1700 agents, 500 sont des Mahorais. Une “volonté du gouvernement” de recruter dans notre département, mais qui a une conséquence. Ces recrues savent d’ors et déjà qu’elles ne pourront pas toutes revenir à Mayotte, et la profession qui recrute au SMIC est confrontée à un fort taux de démission dès la première année de travail.

Y.D.

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139510
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139510
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139510
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139510
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139510
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139510
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...