Habitat, commerce, création d’emplois, transports et mobilité, offre éducative, culturelle et sportive, qualité des sites d’enseignement, développement des usages des outils numériques… le plan « Action cœur de ville » vise à redonner de l’attractivité et du dynamisme aux centres de ces villes. Mais alors que la métropole subit depuis plusieurs dizaines d’années la désertification de ses centres villes, il s’agit à Mayotte de « l’anticiper », comme le soulignait le préfet Dominique Sorain, et surtout de « donner une centralité aux communes ».
En effet, si Mamoudzou a son centre-ville, Dembéni souhaite n’en former qu’une seule avec Iloni et Tsararano, expliquait son maire Ambdi Hamada Jouwaou. Revenant sur un taux de croissance annuel de la population de 7,7%, « unique en France », rappelait le préfet, le maire embrayait sur les retards conséquents du service public, « l’école en est un exemple avec des écoles tournant 100% en rotation ».
Côté finances, c’est plus complexe. Si 5 milliards d’euros ont été alloués sur 5 ans à l’ensemble des 222 villes, il va falloir monter les projets, et vite, selon Mohamed Toihir Youssoufa, DGS de la mairie de Mamoudzou, autre ville bénéficiaire : « Cela nous oblige à aller vite et à faire mieux que les autres si on veut émerger sur l’enveloppe totale. » De quoi laisser son interlocutrice inquiète donc. Le maire Jouwaou a notamment fait part des ses inquiétudes, « quelle participation de l’Etat ?! »
Dominique Fossat, sous-préfet à la Cohésion sociale, que nous avons sollicité, se veut rassurant : « Si aucun budget n’est fixé, nous avons engagé 260.000 euros pour les études opérationnelles en plus de l’aide au portage des projets et à l’ingénierie. Les financements seront ensuite alloués projet par projet, en fonction de leur avancement, mais nous avons déjà repris ceux qui avaient déjà été lancés, pour ne pas perdre de temps. » A surveiller donc, après le fiasco des fonds européens.
Parc et ponton
Dembéni égraine ses projets, dont certains sont avancés, « nous somme prêts à démarrer, les marché à bon de commandes sont en cours », indiquait le maire : le parc Nafassati, derrière La Poste, l’aménagement de la plage d’Iloni avec financement d’un ponton par le conseil départemental pour une desserte maritime, le Centre social de Tsararano, l’éclairage public photovoltaïque, le marché couverts, « et des milliers de logement ».
Du côté de Mamoudzou, c’est la mobilité au sein de son cœur de grande ville, que Majani Mohamed veut mettre en avant, « avec le projet Caribus », « qui doit faire le lien entre les commerces, les services publics, les équipements, les espaces publics et le patrimoine. Je souhaite un cœur habité, animé, et non pas uniquement un pôle de services administratifs. »
Supervisant les deux communes, c’est leur communauté d’agglomération, la CADEMA, qui sera porteur de projets, « dans le cadre de partenariat, notamment avec la CCI sur le secteur du commerce, en particulier en ligne ou par de l’animation, et la grande distribution. » A commencer par l’ouverture ce mercredi 7 novembre du grand Intermarché Baobab.
Les projets pourront s’appuyer sur des compétences et des financements de partenaires solides, Etablissement public foncier et d’Aménagement (EPFAM), Agence Française de Développement (AFD), Chambre de Commerce et d’Industrie, Caisse des Dépôts et Consignations (CDC)-Banque territoriale, Action logement, etc.
Le conseil départemental absent
La CCI était donc évidemment très présente, avec notamment son président, Mohamed Ali Hamid, et son projet de Technopole « sur les hauteurs de Dembéni, axée sur l’innovation pour vendre des ‘produits made in Mayotte’, car le désenclavement de Mayotte passera par le développement économique. »
C’est un discours volontariste que portait un des principaux financeurs, le directeur régional adjoint de la CDC-Banque des Territoires, Christophe Loiseau : « Nous mettons sur le plane national, 1,7 milliard d’euros en ingénierie, et dès que les projets seront matures à Dembéni, nous pourrons les financer ». Notamment, sur le projet d’ « habitat simplifié », initié par Mamoudzou. Il s’agit de proposer une formation aux candidats à la co-construction, une expérimentation va avoir lieu à Dembéni sur une parcelle de 1000m2, en respect des normes en vigueur, puisque selon un des acteurs, « la garantie décennale s’appliquera ».
Dominique Sorain prenait la parole pour expliquer que le résultat sera au rendez-vous, « si nous travaillons tous ensemble, services de l’Etat, conseil départemental, AFD, CDC, les entreprises, la CCI, etc. » Les regards de tous les intervenants se tournaient vers la chaise vide à côté du préfet, celle d’Issa Abdou, le conseiller départemental de Dembéni, que nous avons contacté : « Nous n’avons pas encore délibéré pour cette ‘Action cœur de ville », bien que nous soyons en partie financeurs. Ma présence n’aurait pas permis d’engager le Département donc. » Pas de freins intentionnels selon lui, mais « des lourdeurs administratives. »
Comme nous l’avons vu plus haut, il faut pourtant accélérer le mouvement, « derrière les opérations d’aménagement, il faut aussi voir de l’activité pour les entreprises », soulignait le préfet. Si ces 4 villes ont été sélectionnées, c’est selon lui « parce que des initiatives avaient déjà été prises, nous avons donc pu être sur la ligne de départ ». Il partait ensuite donner le même top départ en Petite Terre, sur les projets « Action cœur de ville » de Dzaoudzi et Pamandzi.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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