Les choses avancent, mais lentement. En inaugurant en 2016 la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), le département savait le retard qui avait été pris, et le travail qui restait à accomplir. Beaucoup reste à faire.
En ce premier jour de semaine européenne de l’emploi des personnes en situation de handicap, Mayotte fait encore figure de mauvais élève. “Des droits qui viennent d’être étendus attendent d’être déployés à Mayotte” indique le président de la MDPH Ali-Combo Debré qui note que “le combat pour l’emploi des personnes en situation de handicap passe par le fait de faire appliquer la loi auprès des entreprises”.
Mais là encore, il y a du retard. Alors que partout en France, la loi impose 6% de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés, à Mayotte, le taux reste plafonné à 2%. Le rattrapage devrait se faire progressivement jusqu’en 2021, mais les difficultés économiques liées aux mouvements de 2011 et 2018 incitent à demander plus de temps.
Pour Christophe Castagnet, directeur de l’AGFIP, il est “nécessaire d’augmenter le niveau de formation des personnes en situation de handicap”. L’AGFIP est une association, basée à La Réunion en ce qui concerne Mayotte, qui a pour but d’aider les entreprises à recruter des personnes en situation de handicap, en finançant des équipements adaptés par exemple. Une évolution à noter par rapport à l’année dernière réside dans le recrutement de deux médecins à mi-temps par la MDPH, indispensables pour évaluer le handicap des candidats et ouvrir leurs droits.
Du côté des dispositifs officiels, peu sont des initiatives publiques. Certes le département finance des formations, et il existe depuis un mois “un dispositif expérimental financé par l’ARS pour accompagner des personnes en situation de handicap, les former et les accompagner jusqu’à ce qu’elles soient placées dans une entreprise” informe Ali-Combo Debré. Il sera décidé en octobre 2019 si ce dispositif doit être pérennisé.
Le dispositif Cap Emploi, dédié aux personnes en situation de handicap au sein de Pôle Emploi, n’existe pas encore ici.
Heureusement, poursuit le président de la MDPH, “des association œuvrent à la formation des personnes en situation de handicap, comme MESSO qui a en son sein un organisme de formation”.
C’est le cas aussi de l’ACE, où se rend chaque jour Ousseni Coco Ambdi Razakou, alias Docteur Léo, connu notamment pour le tour de l’île en fauteuil roulant. Ayant dû stopper ses études de psychologie après l’accident qui l’a laissé en fauteuil roulant, il s’est lancé dans une préparation au concours d’éducateur spécialisé dans ce centre de formation de Cavani. “C’est adapté, j’y vais, c’est compliqué de trouver un métier”, regrette-t-il.
Son conseil, c’est plutôt de se prendre en main, sans attendre. “Ce que j’aimerais dire aux autres (personnes en situation de handicap), c’est de s’intéresser le plus possible à ce qui existe, et de sortir, c’est le seul moyen de pouvoir nous intégrer. Il faut qu’ils sortent par eux-même. On est humains, on doit prendre des initiatives et prendre nos vies en main.”
Y.D.
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