A l’origine en 2014, un jeune qui s’installe avec sa femme. « A peine posé nos valises, nous nous sommes faits cambrioler 7 fois. Ma femme, qui arrivait de métropole, m’a dit, ‘on repart !’ », se souvient Tony Mohamed.
Il préfère plutôt relever le défi, immense, de s’occuper de ces jeunes, « la police ne voulait même plus entrer dans le quartier. Je me suis dit qu’il fallait le changer, le transformer. » Il reste donc et crée l’association « Espoir et Réussite de Doujani ».
Huit ans après, le dispositif s’est étoffé, avec 6 branches qui essaient de couvrir peu à peu l’ensemble des besoins sociaux : l’Insertion, l’Ecole des parents, le Soutien scolaire, l’Ecole du civisme, les Chantiers d’insertion, et le dernier né, le Comité de prévention et de médiations, qui rassemble des Gilets jaunes, non pas ceux qui sont à la Une de l’actualité nationale, mais les hommes et femmes qui veillent sur la sécurité des quartiers.
Du matériel scolaire tout neuf
Samedi dernier, Tony Mohamed a réitéré avec sa volonté « d’inciter les jeunes à la réussite éducative », en organisant la 3ème édition de la « Journée des Lauréats et des Petits Génies ». Ils ont sélectionné 60 jeunes qui avaient validé leur passage en 6ème , « les meilleurs d’entre eux », issus des 4 écoles de Doujani et Passamainty. « En les encourageant ainsi, on veut les inciter à poursuivre le plus longtemps possible leurs études, il faut créer de l’engouement ».
Ils ont reçu chacun un prix : un sac à dos « de qualité, à 30 € pièce », rempli de fournitures scolaires, « beaucoup de parents s’en sont réjouis, n’ayant pas les moyens de les acheter pour leurs enfants. » Une opération menée en partenariat avec la CSSM , la mairie et la Politique de la Ville de l’Etat. Etaient d’ailleurs présents Etienne Guillet, le directeur de cabinet du préfet, Majani Mohamed, le maire de Mamoudzou, Thierry Lizola, du Bureau Prévention partenariat de la Police Nationale, le capitaine Chamassi, avec l’Ecole du civisme Frédéric d’Achery et l’association « Cocotiers rigolos ».
« 300 parents sur liste d’attente »
Ont également été mis à l’honneur 47 titulaires du Brevet des collèges, « que des mentions ! », et des bacheliers. « Pour s’assurer de l’avenir des enfants, nous travaillons avec les parents, il faut provoquer l’engouement de toute la famille ! », juge-t-il.
C’est pourquoi l’Ecole des parents ne se limite pas à une alphabétisation, ou aux formations aux savoirs de base« nous aidons à la parentalité, avec la venue d’un imam. Beaucoup de parents ne savent pas comment éduquer leur enfant, à tel point que certains reviennent pour un deuxième stage de 6 mois. Ils prennent actuellement en charge 86 parents, « et 300 sont en liste d’attente ». C’est dire les besoins, car on peut reproduire ce chiffre par le nombre de quartiers de Mayotte… A la fin des 6 mois, les parents subissent quelques tests, « et nous les poussons à passer le DELF », le Diplôme d’Etude en Langue Française.
Outre ses activités habituelles, l’association propose également le 6 décembre un Forum à 9h, un Forum pour l’insertion des jeunes de moins de 26 ans, « il s’adresse aux scolaires comme à ceux qui sont en échec ».
Anne Perzo-Lafond
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