Avec 401 auditions de femmes victimes de violences conjugales en 2017 à Mayotte, les signalements seraient en hausse selon le sous-préfet Dominique Fossat, en charge de la cohésion sociale.
Un chiffre qui dit peu de choses, si ce n’est que les mentalités évoluent, et que de plus en plus de victimes prennent la parole pour faire cesser leur calvaire.
La convention signée ce lundi entre la police, le gendarmerie, le parquet et d’autres acteurs comme le Département et Mlézi Maoré vise à un meilleur traitement des informations reçues par les forces de l’ordre en vue de poursuites judiciaires.
Grosso-modo, lorsqu’une victime se rend à la gendarmerie et fait état de violences intra familiales, elle peut déposer plainte et déclencher l’action judiciaire, ou déposer une main-courante, un simple signalement en somme. Dans les deux cas, l’accueil de la victime est primordial pour qu’elle prenne sa décision en toute connaissance de cause. Un accueil qui permet aussi aux agents de cerner l’ampleur du danger potentiel. “On ne peut pas laisser la moindre parcelle d’information, au risque de passer à côté de situations dramatiques” explique le procureur.
Ainsi, “même si la victime ne souhaite pas déposer plainte, l’information doit donner lieu à un traitement par les policiers ou les gendarmes et une prise en charge de la victime”. Un effort d’autant plus urgent que malgré des signalements en hausse, “ce que nous voyons ne doit pas correspondre à l’étendue des faits” poursuit le procureur qui regrette encore “une insuffisance des signalements”.
Le tout étant de créer une relation de confiance entre les agents et les victimes. “Le silence est le principal ennemi de la femme agressée, poursuit le président du tribunal de grande instance Laurent Sabatier. Il faut rompre ce silence, mais dans une relation de confiance. La peur doit changer de camp, et la femme ne doit rien craindre des institutions vers lesquelles elle se tourne”, poursuit le juge qui insiste sur la protection de la victime, “la femme doit être protégée de toute réitération”.
Outre cette convention qui doit aider au travail partenarial entre les différents acteurs, ceux-ci ont aussi présenté la nouvelle édition d’un guide sur les violences faites aux femmes. Traduit en shimaoré, et nouveauté, en arabe, il se veut un outil de communication destiné aux victimes et à leurs proches. “L’objectif de la convention est faire en sorte que les faits signalés soient des faits poursuivables, résume le procureur. L’objectif du guide est que les faits commis, deviennent des faits signalés”.
Le 4e vice-président du Conseil Départemental Issa Issa Abdou insistait lui sur le prétexte religieux derrière lequel se cachent certains auteurs de violences. La religion est selon lui instrumentalisée pour faire dire que l’homme “serait supérieur à la femme. L’islam n’a jamais dit ça, ce sont des idées reçues. Cette lâcheté, qui veut qu’on utilise la religion, est un pur fantasme, une folie” tempête l’élu.
Le président Laurent Sabatier le rejoignait dans sa volonté de ne laisser se développer aucune stratégie pour minimiser ces faits. Comme le sempiternel argument “il y a aussi des hommes battus”. “De 2015 à 2018, je n’ai vu que deux cas d’hommes victimes de violences intra-familiales arriver en justice” souligne le magistrat. “Deux cas seulement, contre plusieurs centaines de femmes.” Tout aussi condamnables, ces faits restent donc bien largement minoritaires.
Y.D.
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