Le phénomène est assez récent et “prend de l’ampleur depuis une paire d’années” déplore Maïdat Daoudou, coordinatrice du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD). “On a constaté qu’il y a une problématique de conflits intervillageois. C’est de là qu’est venue l’idée d’une réunion publique, pour sensibiliser parents et élèves”
“On n’arrive pas à identifier la cause de ces conflits, c’est aussi pour ça qu’on fait cette réunion” poursuit-elle.
Pour les participants, les causes sont multiples. Mais le plus souvent, il s’agirait plus d’un regard, ou d’une provocation, qui servirait de prétexte, que d’une rivalité plus ancienne à la Roméo et Juliette.
“Ca part d’un regard de travers, et ça finit sur des violences, des vols, voire des agressions sexuelles” note l’adjudant-chef Toussaint de la brigade de M’Zouazia. “L’école, poursuit-il, n’est pas là pour arbitrer des problèmes bénins, mais qui finissent parfois avec un coup de couteau et de la prison.”
L’officier rappelle que ces violences ont des conséquences. Sur la vie des élèves d’abord, puisque qu’ils finissent souvent sanctionnés, en interne comme les 13 élèves exclus plus de 8 jours du collège en octobre, ou par la justice. Sur celle de leurs proches ensuite, puisque “la responsabilité des parents peut être engagée”, rappelle le gendarme. Que ce soit pour payer des indemnités, ou comme responsables légaux du mineur poursuivi.
“L’enfant ne demande qu’à être valorisé”
Un état de fait qui repose la question de la parentalité à Mayotte. “Est ce que je peux m’occuper de mon enfant ?” s’inquiète un papa dans la salle. “Il est du devoir de chaque parent de s’occuper de son enfant” lui répond l’adjudant Chanfi, commandant de la brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ) créée en août dernier en réponse aux violences du début d’année.
“On peut éduquer un enfant sans lui porter atteinte poursuit le gendarme. L’enfant ne demande qu’à être valorisé, il faut privilégier les solutions de dialogue avec lui, pour éviter les situations de conflit.”
Le proviseur de la cité scolaire témoigne avoir vu un parent, à l’entrée du collège, empêcher une bagarre et inviter les protagonistes à s’affronter loin du collège, comme si le recours à la violence était plus acceptable à l’extérieur de l’établissement. “Les gamins sont pris dans un système qui les a poussés dans la violence, analyse le chef d’établissement. Il y a une responsabilité collective qui s’entretient génération après génération”.
Un autre papa présent estime qu’il faudrait “plus de réunions à l’avenir, mais dans des lieux publics à l’extérieur des collèges, pour que tout le monde puisse participer”.
En attendant, le 20 février, une action sur les droits et devoirs des parents aura lieu à Bandrélé.
Un jeune a toutefois souhaité se monter rassurant. “On sait que tôt ou tard on devra chercher un emploi, c’est aussi pour ça qu’on va à l’école” a-t-il commenté, soucieux de ne pas réduire toute la jeunesse à ces minorités violentes.
Y.D.
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