26.9 C
Dzaoudzi
vendredi 19 avril 2024
AccueilEconomieLes propositions fortes d'Olivier Serva pour renforcer l'attractivité du territoire

Les propositions fortes d'Olivier Serva pour renforcer l'attractivité du territoire

Une visite précieuse que celle du rapporteur spécial au budget Outremer à l’Assemblée nationale qui est venu évaluer le Plan d’urgence pour Mayotte dans le cadre de l’évaluation des politiques publiques de l’Etat. Le parlementaire LREM est également président de la Délégation aux outre-mer de l’Assemblée Nationale.

Le JDM : Qui avez-vous rencontré pendant votre mission de 4 jours ? Et quels premiers constats en tirez-vous ?

Olivier Serva : « J’ai rencontré tout le monde. Les élus, les différents collectifs, les services de l’Etat… Une visite que j’avais préparée avec les parlementaires de Mayotte.
Je note d’abord des éléments positifs : il n’y a pas de problème d’argent à Mayotte, avec notamment 1,3 milliard d’euros du Plan d’urgence qu’il va falloir consommer. Les collectivités locales sont plutôt en bonne santé financière, ayant peu emprunté. Et le territoire a des potentialités évidentes, sur le plan du tourisme, de la pêche ou de l’agro-transformation, trois secteurs qu’il faut développer.
Le point principal à améliorer, c’est le manque d’ingénierie, au niveau étatique et des collectivités locales, qui sont en besoin chacun d’une dizaine de fonctionnaires compétents, qu’il faudra réunir au sein d’une plateforme. »

Je vous arrête, c’est une des revendications principales du collectif-Intersyndicale de février, qui fait d’ailleurs l’objet d’une mesure dans le Plan d’urgence. Mais le préfet se heurte à un problème d’attractivité du territoire…

Olivier Serva : « C’est pourquoi il faut des mesures fortes. La surbonification des salaires de 40% et la prime au bout de 4 ans, ne suffisent pas pour attirer les fonctionnaires. Il faudrait d’abord des logements et des voitures de fonction. Les greffiers qui ont un salaire de 2.000 euros en sortie d’école ne peuvent pas faire grand chose quand ils ont payé leur loyer de 1.000 euros. Je vais demander que la prime de déménagement soit versée tous les 3 ans, et non tous les 4 ans. Et le passage en outre-mer pour ceux qui veulent s’y investir, doit être valorisé : 3 ans de présence pourraient être doublés pour les droits à la retraite. Et qu’à l’issue, ils bénéficient d’une meilleure affectation, ou qu’ils retrouvent leurs corps d’origine.
Il faut aussi s’attarder sur les conjoints et les enfants, en proposant notamment des écoles privées sous contrat, qu’elles soient catholiques ou musulmanes, c’est d’ailleurs une demande que m’a transmise le Grand Cadi.
Et il faut aussi inciter les fonctionnaires Mahorais au retour, en faisant jouer le Centre des intérêts matériels et moraux, l’objet de mon rapport fin 2018. Nous mettons en place un dispositif pour les fonctionnaires locaux, qui semble accepté par le gouvernement et les territoires.
Tous ces éléments seront intégrés dans la Réforme de la Fonction publique qui sera votée au cours du 1er semestre. »

L’immigration impacte fortement les politique de développement de l’île. Et nous n’avons pas encore mis en place de réelle coopération avec les Comores…

Nécessaire renforcement des moyens de la lutte en mer, pour le député

Olivier Serva : « L’immigration clandestine est un vrai problème à Mayotte. Je dégagerais trois propositions. Celle de la lutte en mer qui nécessite un renforcement des moyens d’après ce que m’ont rapporté les militaires : de 3 à 9 navettes supplémentaires, à 300.000 euros l’unité, ce qui implique un renfort d’une centaine de marins, il faudrait une troisième vedette, et des moyens aériens présents la nuit, des drones, des hélicoptères.
Mais rien ne se passera sans une coopération solide avec les Comores. »

Où en est l’accord cadre qui doit être signé entre les ministres des Affaires étrangères français et comoriens ?

Olivier Serva : « Je n’ai pas d’informations précises, mais on nous a rapporté que ça avançait très lentement. Il faut encourager les entreprises locales les plus solides à s’implanter aux Comores. La CCI, le Conseil départemental et l’Etat ont d’ailleurs mis en place une bonne collaboration économique, dont nous allons nous inspirer en Guadeloupe.
Le 3ème axe d’action contre l’immigration clandestine est le propre de chacun, toute la population doit y mettre du sien, pour ne pas l’encourager. »

Où en est-on de l’avancée du Plan d’urgence ?

Toujours pas de renouvellement des flottilles de pêche

Olivier Serva : « Il est insuffisamment consommé, malgré la ferme volonté du préfet d’y arriver. Le point positif c’est la production de logements de la SIM qui va s’accroitre de 300 à 450, grâce au relèvement à 10 millions d’euros de la Ligne Budgétaire Unique. Mais en matière de développement, la pêche qui devrait tirer la production vers le haut, grâce à la dérogation européenne du renouvellement des flottilles, n’a pas les moyens de ses objectifs. Ce sont des financements Etat qu’il va falloir trouver. »

Pour revenir au début de notre entretien et parler de compétences, la formation professionnelle n’est pas opérationnelle à Mayotte

Olivier Serva : « C’est vrai, mais soulignons qu’elle est une compétence régionale, dont le conseil départemental ne perçoit pas les compensation nécessaires de l’Etat. Pour l’ensemble de son volet régional, la Dotation globale de fonctionnement est seulement de 800.000 euros, c’est largement insuffisant. C’est pourquoi le président se bat pour récupérer la compétence régionale et les fonds qui vont avec. On peut dire que la responsabilité est partagée.
Le Régiment du Service Militaire Adapté a un très bon taux d’insertion ici, 89%, meilleur qu’en Guadeloupe, avec deux tiers en emplois direct, et le reste en formation. Il pourrait y en avoir plus s’il y avait une formation diplômante. Il faut implanter une Agence pour la Formation Professionnelle des Adultes à Mayotte, affilié à un réseau national. »

Que sommes nous en droit d’attendre de votre venue ?

Olivier Serva : « J’ai un entretien dans quelques jours avec la ministres des outremer sur ma mission à Mayotte, il y a une réelle volonté à tous les niveaux. Mayotte, c’est la France, il faut donc mettre les moyens pour son développement. Le rapport sur l’évaluation des politiques publiques sortira en juin-juillet. »

Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139510
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139510
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139510
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139510
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139510
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139510
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...