Formant une seule ligne bleue-marine barrée d’un trait rouge, les pompiers de la caserne de Mamoudzou recevaient les vœux de la présidente du conseil d’administration du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS). Un métier qui est avant tout une histoire d’homme, faisait ressortir Moinécha Soumaila, « j’investis dans la relation ».
Une relation qu’elle tisse d’abord avec le nouveau directeur du SDIS, le colonel Fabrice Terrien, « dans des échanges sans tabou, de franchise », et elle n’oubliera pas celui qui a assuré pendant 6 mois l’interim de la direction, le lieutenant-colonel Robert. Mais une relation investie dans le dialogue social également, avec la mise en place réglementaire du CHSCT, et le vœu de « conditions de sérénité » et de « respect des parties ».
Des pompiers qui ont été mis à rude épreuve en 2018. D’abord par la mobilisation de février-mars, peu évoquée par la conseillère, qui mentionnait que « l’évolution du Service s’est trouvé freinée », et pour laquelle le préfet Dominique Sorain félicitait la « mobilisation exceptionnelle du SDIS pendant les barrages, assurant la continuité du service public ». Puis par l’essaim de séismes, « qui a mis les moyens du SDIS en effervescence », à ses débuts, rappelait Moinécha Soumaila.
Un ensemble d’évènements qui ont quelque peu retardé la construction du nouvel Etat-major à Kawéni, dont les clefs viennent d’être remises, et les premiers coups de pelle du nouveau centre de Pamandzi.
Une contribution de 300.000€ du CHM
Une actualité qui a motivé davantage d’intervention en 2018, 1.000 de plus, soit 14.630 au total, dont 90% portent sur le secours à la personne, contre 80% en métropole. Comme son nom l’indique, le SDIS est financé par le Département, à hauteur de 11,3 millions d’euros en fonctionnement, mais aussi par les communes, 8,9 millions d’euros, à la faveur d’une « remise à plat des mécanismes de calcul de contribution ».
Certaines interventions amènent les pompiers à transporter des malades, en lieu et place d’un secteur privé encore très récent, « mais c’est aussi le cas dans certains départements en France, nous glissait le colonel Terrien, ce qui a impliqué la signature d’une convention avec le Centre Hospitalier de Mayotte et l’ARS, pour une compensation de 300.000 euros. Ce sont 2.000 à 3.000 transports qui sont concernés chaque année.
Des marges de progrès
Avec le nouvel Etat-Major sis au Centre d’Affaire, le SDIS de Mayotte, dont les locaux faisaient pâle figure, reprend donc des couleurs, sans en voir de toutes les couleurs on l’espère, avec le futur avis de la Chambre régionale des Comptes. Sans en révéler le contenu qui attendra le prochain conseil d’administration, la présidente du CASDIS le résumait : « Tout n’est pas parfait, mais nous avons de bons repères sur nos marges de progrès. »
En attendant, le meilleur des repères, c’est le nouveau Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques (SDACR), qui « permettra au SDIS le plus jeune de France, avec tous les rattrapages que ça implique, de répondre à un référentiel commun, notamment un temps d’intervention de moins de 20 minutes sur l’ensemble du département », souhaitait le préfet.
La cérémonie a commencé par une histoire d’hommes et de femmes, et l’a terminé sur le même registre, puisqu’on apprenait que le service allait recruter 10 caporaux sapeurs-pompiers professionnels, des jeunes qui bénéficieront d’une immersion en métropole, et que le commandant Tran Van montait au grade de lieutenant-colonel, dont les galons furent posés de concert par le préfet et l’élue.
Anne Perzo-Lafond
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