Dix joints de chimique par jour. Auxquels s’ajoutent une bouteille de whiskey et des bières, “le cerveau ne peut plus bien tourner, il pète un fusible” déplore l’avocat de la défense. A la barre, son client se voyait vendredi reprocher plusieurs agressions à l’arme blanche, couteau et chombo, commises ces dernières semaines sur Petite Terre, route de Moya et près de la barge. A chaque fois, les conduites addictives du jeune homme le poussent dans la paranoïa. “Moi j’aime pas son visage, je suis comme ça moi” donne-t-il pour toute explication concernant l’attaque de la première victime. “Il m’a fait une bêtise, il m’espionne tout le temps” affirme-t-il pour la deuxième.
Près de la barge, le jeune homme était descendu de son vélo en menaçant de “tuer” un passant, qui a dû utiliser le vélo pour se protéger de la lame de son assaillant.
L’attaque qui l’a finalement perdu en février est celle d’un légionnaire, au volant avec des collègues. “Je l’ai vu comme un ennemi” relate le prévenu qui lui a jeté un pavé, d’abord sur la voiture, puis sur la cheville quand le militaire en est descendu. Un “ennemi” trop coriace pour le toxicomane qui finit à terre, sévèrement corrigé par le légionnaire. Ce dernier frappe son agresseur avec tellement de conviction qu’il finit lui-même avec un poignet dans le plâtre. C’est la seule blessure qu’il en gardera.
“Vous attendez de tuer quelqu’un ?”
Devant ses juges, l’attaquant lui est conscient que son comportement n’est “pas normal”.
Que ce soit les agressions à répétition, ou le fait de voler sa grand-mère pour se payer drogue et alcool.
Quand la présidente Nathalie Zahi lui demande s’il attend “de tuer quelqu’un”, il répète plusieurs fois qu’il est “comme ça, c’est tout”. Ses victimes sont, il en est convaincu “des gens qui me cherchent”. Un raisonnement qui fait froid dans le dos. Faute d’obtenir des explications plus cohérentes de sa part, une seule question brûlait les lèvres de tout le monde, “que faire de lui ?”, du parquet à la défense, la prison ferme est une réponse unanime. Même pour le prévenu qui, interrogé sur ce point, répond qu’il veut “aller à Majicavo” où il pourra “se soigner”. La prison était de toutes façons inévitable, au regard de la gravité des faits, mais aussi du caractère récidiviste des violences avec arme. La procureure Chloé Chérel qui le qualifie “d’individu inquiétant” réclame 30 mois ferme avec maintien en détention. Un peu trop pour la défense qui espère qu’avec des soins adaptés “on aura des résultats avant ça”.
Le tribunal a quand-même opté pour une longue incarcération, deux ans ferme, plus 3 mois de révocation d’un sursis antérieur et 1000€ de dommages et intérêt pour chaque victime. Il gardera à sa sortie trois mois de prison au dessus de la tête, qu’il fera s’il ne poursuit pas les soins.
Y.D.
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