Pour rappel, le breakdance est annoncé comme la nouvelle spécialité inscrite aux Jeux Olympique de Paris de 2024. Elle voit s’opposer deux équipes qui s’opposent sans contact physique, autour de figures défiant les lois de la pesanteur. Les spectateurs de ce samedi à la Maison pour tous de Dembéni (faute de salle de spectacle), à l’aménagement revu entièrement par Hip hop Evolution, ont pu en avoir un aperçu. On se souvient tous de l’émotion en 2015, lorsque les Mahorais de Lil’Stylz étaient repartis avec le prix du meilleur show lors de la Battle of the year France à Montpellier, devant les meilleurs danseurs du pays.
C’est plus une danse très rythmée qu’ont livrée pour commencer les filles de « Karivendzé ». Non seulement ce fut une prestation sans couac (à souligner à Mayotte), mais elles ont emballé le public par le sérieux de leur spectacle. « Karivendzé », c’est « nous n’en voulons pas » à Mayotte, expression devenue mythique après avoir été prononcée par le mzé Bamana, contre « l’indépendance à la m…., à la c… », et dirigée cette fois contre les violences faites aux femmes.
« Je ne leur dis jamais ‘c’était parfait’ »
« Je veux tendre vers la perfection, je ne leur dis jamais ‘c’était parfait’, mais ‘vous pouvez encore faire mieux’. Mon objectif, c’est qu’il n’y ait plus de différence entre une troupe se produisant ici, et celles arrivent de métropole », nous expliquait Abdallah Haribou, le fondateur de Hip Hop Evolution, il y a 15 ans. On avait eu un aperçu de ses ambitions lors du spectacle « Etant donné la conjoncture actuelle », il y a deux ans. Issues du dispositif de développement de la pratique féminine, les filles sont managées par Massondi Saïd Ali. Une action soutenue par la Direction des Affaires culturelles, et la politique de la ville de la préfecture de Mayotte.
C’est une troupe réunionnaise résidant à Montpellier (34) qui leur succédait. Le défi était de loger dans une seule soirée de Festival, un spectacle qui en aurait mérité une à lui tout seul, et qui du coup, paraissait trainer en longueur. Les tableaux offerts en bleu et gris, absorbent le spectateur, notamment autour des cris identitaires, « not’ pai, l’est taillé dans le tambour d’un roi caff’ ». « Des racines et… », c’est l’histoire du chorégraphe Cédric “Kenji” Saïdou, parti de La Réunion pour travailler son hip hop en métropole, et qui cherche son âme. Le déracinement est dansé, et le propos servi par le reflet que se renvoient les jumeaux qui évoluent sur scène entre les deux joueurs de maloya.
Le hip hop élastique des Thaïlandais
Après un petit entracte, c’est un spectacle mis en mouvement par le doué « Assez », Assane Mohamed, qui introduisait la seconde partie. Il donne un coup de jeune à la tradition mahoraise du Debaa, en transformant les 13 danseuses et chanteuses de m’biwi du groupe « Fleurs des Iles » de Kahani, en Panthères roses, avec musique et chorégraphie coordonnées. Un bol d’air frais !
C’est un feu d’artifice en noir et blanc que nous offrait le Andaman Crew Thaïlandais, « parmi les meilleurs mondiaux », annonçaient Isabelle et Charifa, les deux animatrices de choc de la soirée, qui ont cherché sans mollir à avoir « un maximum de bruit » ! Poussant l’exercice de hip hop jusqu’à la contorsion, ils ont enflammé le public.
Voir la démonstration d’un des breakdancers thaïlandais
Et, cerise sur le gâteau, ils ont été défiés en fin de soirée, (et juste avant une coupure de courant !), par les breakdanseurs Mahorais, un avant goût de la soirée de BOTY (Battle of the Year), samedi au gymnase de Cavani. A ne pas manquer !
Anne Perzo-Lafond
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