« Créer des liens, parler de projets, avant et après les ateliers, c’est aussi le but des Assises », indique Jérôme Bouvier, organisateur de l’événement et président de l’association Journalisme et Citoyenneté en introduction d’un atelier consacré aux médias mahorais. Le thème de cette 12e édition, sous forme de question s’inscrit dans les réponses à trouver à la défiance croissante que subissent les métiers de l’information : « #LES MEDIAS tous les mêmes ? »
Ce jeudi, deux ateliers ont permis aux journalistes mahorais d’exposer la situation des médias à Mayotte et plus largement en outre-mer.
La presse mahoraise a été représentée par la Somapresse, Mayotte la première, le groupe Kwezi, le 101mag et le JDM au titre de leur statut de média social de proximité.
Une première table ronde s’est interrogée sur le récit éditorial ultramarin en métropole. Le débat animé par la journaliste Nassira Elmoadden a permis de mettre en lumière de véritables carences dans la reprise de l’information de l’outre-mer français en France hexagonale.
« Il n’y a pas de récit ultramarin en France » et « un vrai décalage du traitement de l’information », déplore a grand reporter Réunionnaise Memona Hintermann. Dominique Fossé actuellement en charge de la valorisation des outre-mer sur France 2 et France 3 reconnait « qu’il faut se battre pour imposer l’outre-mer ».
Pas hostiles mais indifférents
Le constat est simple : loin du cœur, loin de l’info. L’éloignement géographique et culturel des territoires ultra-marins français conduit à un traitement de l’information de ces régions françaises largement en deçà des régions métropolitaines.
Cécile Azzaro, responsable outre-mer à l’AFP, fait également le constat d’un manque d’intérêt de ses confrères pour les outre-mers. Pour des informations qui auraient trouvé un écho si elles s’étaient déroulées en France, « je suis souvent la seule journaliste nationale aux conférences de presse, à l’exception notable du journal Le Monde et de France Info », précise la journaliste. Basée à Paris, l’Agence France Presse travaille en collaboration avec des correspondants locaux, parmi lesquels Ornella Lamberti à Mayotte.
Ce lien direct Mamoudzou-Paris permet une diffusion rapide des informations d’intérêt national vers l’ensemble des médias par l’agence. Mayotte « a bénéficié de plus de visibilité en métropole durant les grèves de 2018 » constate la journaliste lors d’une seconde table ronde spécifiquement consacrée à Mayotte. Malgré la présence de l’AFP depuis de nombreuses années à Mayotte, Mme Lamberti explique ce gain d’intérêt par la fourniture de contenus pluri médias (textes, photos et vidéos) permettant aux médias nationaux de mieux appréhender le vécu des Mahorais et donc l’intérêt des informations.
La représentation de Mayotte et plus largement de l’outre-mer dans les médias subit actuellement une véritable mutation avec la disparition annoncée de France Ô. « On a une chaîne qui fait le récit outremer et on la supprime. […] C’est une véritable catastrophe », note Nathalie Sarfati*, journaliste de la chaîne. Dans le même temps, le média en ligne AJ+ note que les sujets outre-mer génèrent un grand intérêt sur les réseaux sociaux.
Pour Dominique Fossé, les rédactions « ne sont pas hostiles mais ils sont indifférents. »
Les 12e Assises internationales du journalisme à Tours à 8 000 km de Mamoudzou, ont participé à réduire la distance et de l’indifférence, en témoigne le public nombreux lors des ateliers.
A Tours, Axel Lebruman
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