Au niveau national, l’arrêté ministériel du 1er juillet 2011 liste les espèces protégées de mammifères marins ainsi que les modalités de leur protection. Ce texte interdit notamment la perturbation intentionnelle, qui inclut le harcèlement et la poursuite des espèces listées, dans leur milieu naturel, ainsi que la dégradation de leurs habitats. « Tout acte conscient modifiant le comportement des mammifères marins est ainsi proscrit sur le territoire national », rappelle le Parc Naturel Marin (PNM).
A Mayotte, un nouvel arrêté préfectoral pris le 1er octobre2018, règlemente la navigation, le mouillage et la plongée sous-marine le long du littoral de Mayotte, intègre de nouvelles règles d’approche des mammifères marins à Mayotte pour l’ensemble des usagers de la mer. L’objectif est d’éviter la perturbation de l’animal en prévenant les abus, de la part des opérateurs nautiques, plaisanciers, usagers professionnels ou de loisirs du milieu marin.
Pour les baleines à bosse, il convient de ne pas franchir intentionnellement le seuil des 100 m de distance à l’animal. Pour les grands dauphins de l’Indo-Pacifique (Tursiops aduncus) et les dugongs, ce seuil est fixé à 50 m de distance.
« Toute initiative d’approche d’une de ces trois espèces au-delà des seuils fixés est interdite. En cas d’approche spontanée d’un animal du bateau, il convient donc de respecter les dispositions de l’arrêté en attendant passivement son éloignement ».
Un dernier point intéressant, des plaisanciers ne naviguant qu’à la voile avaient eu droit à une leçon de morale alors que des baleines nageaient dans leur direction, avec sauts à la clef. Elles avaient apparemment oublié de lire la charte de bonne conduite à l’approche des baleines…
Approche interdite par l’arrière et par l’avant…
« Pour tous les mammifères marins:
– Il est interdit de se placer sur la trajectoire des mammifères marins ou de les poursuivre. L’observation et l’approche sont donc interdites par l’arrière ou par l’avant. » Difficile d’envisager une approche dans ce cas…
– “La présence de 2 navires maximum est autorisée dans la zone des 300 m autour des mammifères marins afin d’éviter leur encerclement.
– La vitesse d’évolution dans la zone des 300 m est limitée à 5 nœuds.
– Pour des raisons de sécurité, les moteurs des navires ne doivent pas être coupés pendant la période d’observation.
Par les airs, le survol intentionnel des mammifères marins est interdit à moins de 150 mètres.”
L’observation des mammifères dans leur espace naturel (Whale watching) est un des points forts de Mayotte dont il ne faudrait pas se priver sous prétexte que certains abusent. Et se mettre à l’eau avec des dauphins est une expérience inoubliable.
20 bateaux, et ce n’est pas fini
Mais le Parc Naturel Marin explique aussi qu’il ne faudrait pas que les dauphins ou baleines soient victimes de leur succès. « A Mayotte, le premier opérateur nautique proposant l’observation des mammifères marins s’est installé en 1998. Depuis une dizaine d’années, l’activité se développe de manière exponentielle : de nouvelles entreprises s’installent et les opérateurs déjà présents augmentent leur flottille à un rythme quasi-annuel. En 2018, 10 opérateurs nautiques pratiquent le whale-watching et possèdent de un à quatre navires par entreprise (20 bateaux au total en 2018). Le marché ne semble pas encore saturé et le développement de l’activité dans les années à venir est très probable ».
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Ces activités d’observation ciblent essentiellement les espèces de mammifères marins les plus communes : la baleine à bosse, le grand dauphin de l’Indo-Pacifique, le dauphin à long-bec, le dauphin tacheté et à moindre mesure, le dauphin à bosse et le péponocéphale.
La récente législation s’explique par des constats successifs de nuisance, selon le PNM. « En 2005, une première étude d’impact du whale-watching sur les mammifères marins à Mayotte montre que certaines pratiques encore autorisées, telle que la mise à l’eau, peuvent être très perturbantes pour l’animal et dangereuses pour les nageurs. Les études menées mettent en évidence un dérangement significatif dans les secteurs les plus fréquentés par les baleines à bosse et un impact potentiel des activités d’observation sur la distribution des grands dauphins et des dauphins tachetés ».
Pour en savoir plus sur la nouvelle règlementation Nouvelle reglementation MM 2018 VF-2
Et pour toute autre question, le PNM rappelle sa Charte d’approche.
Un instrument va donc devenir le meilleur allié des curieux et/ou amoureux des mammifères marins qui devront les observer à distance : les jumelles.
Anne Perzo-Lafond