La ministre de l’Outre-mer s’exprimait ce dimanche soir sur le bilan du plan pour Mayotte dressé il y a un an. Dans son allocution, une large place était consacrée à la lutte contre l’immigration clandestine, priorité No 1 du plan. Avec déjà plus de 8000 expulsions d’étrangers en situation irrégulière cette année, les 15 000 reconduites de l’an passé seront dépassés sans peine. Sans doute aussi les 20 000 de 2017. Selon la ministre, même “25 000 ça ne me suffit pas, l’objectif que je veux, c’est 30 000, on est capable de faire 30 000”. Selon elle, “ce sont des années qu’on a à rattraper” en matière de reconduites à la frontière.
Mais les expulsions ne sont pas tout admet-elle. “La meilleure façon d’arrêter l’immigration, c’est d’empêcher que les gens ne partent. Et ça, on ne peut le faire qu’avec les Comores”.
Pour les représentants du monde judiciaire présents sur place, la lutte doit aussi se faire auprès de ceux qui, à Mayotte, exploitent les clandestins. “Il faut que les citoyens prennent leur part dans cette action” estime le procureur Camille Miansoni qui estime aller “aux confins de la loi” en la matière.
Le président du tribunal quant à lui dénonce les double-langages d’une partie de la population, qui exploite les étrangers tout en dénonçant l’immigration. “Je n’ai jamais vu un territoire qui cultive une telle ambiguïté” explique-t-il à la ministre.
Une “ambiguïté” qui a fait réagir le maire de Kani-Keli. Selon lui, si des Mahorais font travailler des étrangers sans titre ou les abritent, c’est qu’ils sont “gentils” mais aussi qu’ils “ont peur des bagarres et des scandales dans les villages”. En substance, il vaut mieux profiter de l’immigration clandestine que de la subir.
“Je ne peux pas laisser dire que parce que nous avons peur, nous utilisons la misère des gens” tempête Saïd Omar Oili, président de l’association des maires, tandis qu’un autre maire dénonce des propos indignes “d’un élu de la République” et “irresponsables”. “Arrêtons l’hypocrisie, si nous souhaitons que l’immigration clandestine soit combattue efficacement” plaide “S20”. Pour lui, 2020, avec les prochaines municipales, serait l’occasion pour les élus qui refusent de prendre leurs responsabilité, de laisser la place.
En attendant, les employeurs d’étrangers en situation irrégulière risquent gros. En un an, pour 650 000€ d’amendes administratives ont été délivrées pour emploi d’un étranger sans titre.
Y.D.