« En un an, beaucoup a été réalisé » a salué Annick Girardin dimanche soir, en référence aux 53 points de la « feuille de route » aussi appelée « plan pour Mayotte ». Ce plan avait été construit avec les élus et partenaires sociaux pour sortir de la crise qui avait paralysé le département.
Beaucoup donc, mais pas assez reconnaît la ministre. « Le temps de la mise en œuvre est toujours plus long qu’on le voudrait, certaines actions sont abouties, d’autres sont en cours, d’autres enfin sont encore non-engagées » a-t-elle déclaré.
Sur la sécurité et l’immigration, des moyens sont arrivés, comme les quelque 170 policiers et gendarmes supplémentaires, les 2 intercepteurs et la brigade de Koungou, sans parler de la création de la Compagnie départementale d’intervention, de la brigade cynophile et celle de prévention de la délinquance juvénile. D’autres moyens sont en attente, notamment pour la lutte contre l’immigration clandestine en mer.
Selon la ministre, les -9% de délinquance annoncés la semaine dernière « veulent dire qu’il y a des gens qui sont au boulot ».
Sur la santé, 192 millions d’euros ont été fléchés « pour les infrastructures de santé » dont 172 millions pour « la construction d’un nouveau site du CHM qui devrait ouvrir en 2027 ».
Les constructions sont en effet les points qui prennent le plus de temps. Ce constat valable pour le CHM l’est aussi pour les écoles. 67 réfectoires devraient être livrés d’ici 2025, et 400 logements sociaux sont « en chantier ». Des délais incompressibles mais frustrants, vu l’urgence.
D’autant que le département souffre d’un problème chronique de recrutement, lui aussi reconnu par la ministre, et qui freine les volontés politiques actées.
Ainsi 2018 a vu la création de 300 postes dans l’éducation nationale. « Ils ne sont pas tous pourvus » regrette Annick Girardin, malgré un important recours aux contractuels.
Autre problème récurrent, l’ingénierie, notamment en termes de marchés publics et de dossiers de fonds européens. D’ici septembre 2019, une « cellule d’appui en ingénierie sociale » devrait être créée. Il s’agira de techniciens de haut vol, recrutés sous l’autorité du sous-préfet aux affaires régionales, et chargés d’appuyer les collectivités locales dans leurs dossiers complexes. Car à ce stade du plan, si certains points se font attendre, « ce n’est pas un problème de moyens mais un problème d’ingénierie pour que les projets sortent de terre ». Des techniciens ont déjà été recrutés à la préfecture et au Département pour aider à monter les dossiers européens. Ces fonds représentent 300 millions d’euros, mais ils sont complexes à demander.
En tout, six postes de cadres seront ainsi créés d’ici septembre. « Encore faut-il les pourvoir » souligne la ministre qui pointe « un défi pour septembre ». Pour dénicher ces profils bien spécifiques, la préfecture pourrait s’éloigner de la fonction publique classique et recruter des contractuels.
Même problématique dans la santé. 30 postes de médecins spécialistes ont été créés sur le territoire pour pallier le manque en la matière. A ce jour, seuls 8 postes ont été pourvus. Là encore, ce n’est pas une question d’argent. « Il y a déjà des mesures d’attractivité, mais tout le monde ne connaît pas l’ouverture de ces postes », analyse la ministre. Là encore « il faudra peut-être contractualiser ».
Selon elle pourtant, « on peut vivre à Mayotte dans de bonnes conditions ». Elle pointe un défaut de communication et tacle la presse. « On parle beaucoup de ce qui ne va pas, parlons aussi de ce qui va pour attirer les forces vives ».
La presse responsable du manque d’attractivité du territoire, c’est un discours qui avait déjà été tenu il y a un an tout juste lorsque ces mesures étaient annoncées. Les journalistes pourtant, aiment les bonnes nouvelles au moins autant que nos lecteurs, et subissent les mauvaises comme n’importe quel citoyen. Et ce procès facile laisse sans solution notable ce sujet majeur que demeure l’attractivité du territoire.
Y.D.