C’est la souris qui a accouché d’une montagne. En décembre dernier, un Comorien en situation irrégulière était intercepté alors qu’il allait monter dans un vol pour Paris. Problème, son passeport et son billet sont au nom d’un agent de la sûreté aéroportuaire. Un collègue de l’agent en question réalise que le passager est un imposteur et ce dernier est interpellé.
L’agent lui, porte plainte pour le vol de son passeport, mais ses déclarations changeantes amènent les policiers à le placer en garde à vue, ainsi qu’un intermédiaire qui aurait encaissé près de 1000€ du clandestin.
L’agent de sûreté finit par expliquer qu’il s’est laissé tenter après plusieurs démarchages de l’autre mis en cause, car il avait des difficultés financières. “Depuis un an et demi je n’avais pas pu payer mes factures”, explique-t-il.
Le point de départ d’une plus grosse affaire
L’autre passeur rejette quant à lui la faute sur l’agent. Une position “détestable” selon le parquet, mais qui aurait pu convaincre si d’autres révélations n’avaient pas donné à cette histoire, somme toute mineure, une tout autre dimension.
“Cette affaire est le point de départ d’un gros dossier à l’instruction, dans lequel deux adjoints de sécurité de la PAF sont mis en examen” explique le substitut Rieu. Une instruction permise en partie par les déclarations en garde à vue de l’agent condamné ce mercredi. Au fil de l’enquête, le passeur qui lui a acheté son passeport s’avère être “un des principaux intermédiaires, en cheville avec les agents de la PAF” selon le parquet pour qui il serait l’homme chargé de trouver des clients à Mayotte. “C’est à partir de ce dossier qu’on a compris qu’il y avait tout un système autour”.
Le Comorien sera de nouveau convoqué au tribunal à l’issue de l’instruction pour répondre de son implication éventuelle dans ce réseau organisé, aux côtés des policiers de la PAF. L’ex-agent qui a vendu son passeport et lui ont en attendant tous deux été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour la vente d’un passeport. Bien moins que les 6 mois et un an avec sursis requis par le parquet. Quant au passager qui s’est fait attraper dans le hall d’embarquement, il est convoqué dans quelques mois au tribunal, mais a déjà été expulsé vers les Comores.
Y.D.
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