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dimanche 24 novembre 2024
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Braconnage : un agent du Conseil départemental condamné

Comble du comble. Un agent du Département, chargé de surveiller les plages de Moya pour protéger les tortues, a été arrêté en flagrant délit de braconnage à la plage de Papani. Il a même pu brièvement reprendre son poste avant d'être incarcéré ce lundi soir.

C’est à désespérer de tout. Un agent du Conseil Départemental affecté à la protection des tortues sur les plages de Moya était en fait… un braconnier chevronné. L’homme, ainsi qu’un complice, a été arrêté jeudi soir en flagrant délit.
Les enquêteurs de la police de l’environnement étaient en planque non loin de la plage quand ils ont vu deux pirogues stationner près du récif frangeant. Les embarcations ont attendu de 17h30 à 20h30 avant d’approcher de la plage. Lorsque deux tortues vertes ont quitté l’eau pour pondre, les deux braconniers ont mis pied à terre, ont poussé les tortues à grand renfort de coups de pieds vers leurs barques, avant de les découper vivantes. “On commence par couper les pattes avant de couper la tête, pour éviter de prendre un coup” explique sans complexe le complice du gardien de plage. Les policiers en planque se trouvent alors trop loin pour intervenir à temps sur cette plage difficile d’accès et sauver les deux tortues des mains des braconniers.

Ces derniers affirment, sans convaincre, qu’ils étaient là pour pêcher et sont tombés sur les tortues par hasard. Ils assurent en outre que la viande était pour leur consommation personnelle. En garde à vue pourtant, l’agent du Département avait expliqué qu’il vendait la viande dans la mangrove de Kawéni sur le chemin du retour. Mais cette fois, il n’y a pas eu de retour. La gendarmerie maritime les a cueillis avec barque et viande de tortue à bord dès qu’ils ont repris la mer, marquant la conclusion d’une opération conjointe entre les deux services.

Vendredi, les deux complices ont été convoqués pour une comparution immédiate ce lundi. Le premier, contractuel sur les plages, titulaire d’un diplôme et d’une formation sur la biologie des tortues, a pu rentrer chez lui à l’issue de sa garde à vue. Il a même pu, samedi soir, reprendre son poste à Moya. Un poste qui interroge quand on sait qu’il a déjà été condamné pour braconnage en 2009 et en 2017, avant de postuler à cette formation et d’obtenir cet emploi au Département.
Son complice a quant à lui été placé en détention provisoire jusqu’au procès.

La “tolérance zéro” encore de mise ?

Les agents de la police de l’environnement ne sont que 7 pour lutter contre le braconnage à Mayotte

A l’audience, trois associations étaient parties civiles : One-Voice, association installée à Strasbourg, les Naturalistes de Mayotte et Oulanga Na Nyamba. Michel Charpentier, président des Naturalistes a émis le souhait pour cette audience d’un “message clair qui soit celui de la tolérance zéro”. Les nombreux bénévoles venus assister à l’audience ont déchanté.

Rappelons d’abord que le tribunal de Mamoudzou avait depuis quelques mois une politique extrêmement ferme à l’égard des braconniers. Le message depuis l’année dernière était que le braconnage menait en prison. Le 21 août dernier, quatre braconniers avaient écopé de prison, et en janvier, un jeune braconnier, primo-délinquant, prenait un an ferme.

Cette fois le message a changé. Le parquet avait pourtant bien requis des peines dissuasives : 18 mois ferme avec mandat de dépôt pour le récidiviste, qui nonchalant et souriant, avait agacé les magistrats en prenant l’audience à la légère,  et 10 mois ferme pour son complice, également avec maintien en détention.

Les pirogues ont été saisies par la justice et devraient être détruites

Mais les juges ont revu le quantum à la baisse. Seul l’agent du département écope de prison ferme : un an, avec mandat de dépôt. Ni l’état de récidive légale, ni son emploi comme garde de plage ne lui ont valu une peine plus lourde que celui de janvier. Son sursis n’est pas révoqué, mais il pourrait l’être en juin, lors d’une autre audience pour un travail d’intérêt général qu’il n’a pas effectué à l’issue de sa dernière condamnation. Son complice lui, écope de …6 mois avec sursis, et 180 heures de travail d’intérêt général. Précisément la peine qui n’avait pas dissuadé le premier larron de récidiver.

Le coup de grâce pour les Naturalistes, c’est l’association qui a été déboutée de sa constitution de partie civile, pour n’avoir pas apporté ses statuts à l’audience. Elle avait pourtant déjà reçu 1000€ à ce titre en janvier dernier.
Les condamnés, mais aussi le parquet, ont 10 jours pour faire appel de ce jugement.
Y.D.

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