Branle-bas de combat ce lundi matin au Four à chaux. Une quinzaine de bateaux sont posés sur la plage, en bordure de route. Autour d’eux, une vingtaine de pêcheurs fatigués s’affairent à sauver le matériel abimé par les vagues qui ont déferlées sur les côtes. Dans la nuit du 21 au 22 juillet le vent s’est levé, formant avec lui une houle plus importante qu’à l’accoutumée.
« Je n’avais jamais vu ça ! », raconte Msa Daoud, pêcheur à Mayotte depuis 1993. « Mon bateau a pris l’eau, il a coulé et la coque s’est abimée contre les rochers. » Tout en discutant, il démêle les filets de pêche. « Je suis arrivé à cinq heures du matin sur la plage. J’ai vu les bateaux sous l’eau. C’était très impressionnant ! »
Pour sauver ce qui pouvait l’être les pêcheurs ont attendu la marée basse puis plongé dans l’océan. Ils ont sorti les bateaux tant bien que mal alors qu’ils étaient balayés par la houle, et que l’eau leur arrivait jusqu’au cou. « On les a attachés avec un filin relié à la plage, décrit Assani Annoiffoudine qui est aussi pêcheur. Heureusement que mon bateau n’a pas été touché mais je suis venu aider. C’est ça la solidarité ! » Il était difficile pour lui de repartir sur l’océan avec de telles conditions de navigation.
« On ne sait pas quand on va pouvoir retourner travailler »
Msa Daoud s’inquiète et s’interrogea : « On ne sait pas du tout quand on va pouvoir retourner travailler. Peut-être dans deux ou trois semaines ? » Tout dépend de l’ampleur des dégâts. Il est surtout préoccupé par le moteur qui a pris l’eau.
Le coût pour les pêcheurs est non négligeable. Un bateau rapporte jusqu’à 1500 euros par mois quand la pêche est bonne. Le tout est réparti entre le capitaine et le matelot qui occupent l’embarcation. Parfois il faut ajouter le propriétaire, quand celui-ci n’a pas le pied marin et se contente d’embaucher des pêcheurs. « En attendant, on va devoir rester les bras croisés », se désole Msa Daoud.
« Ce qui a surpris c’est l’intensité de la houle
« C’est surtout un gros coup de vent », relativise Rémi Bernard, le directeur de l’école de voile située à Petite-Terre. « On a observé des rafales allant entre 40 et 60 km. » À l’école un bateau à quai s’est renversé et s’est fracassé par terre.
Un constat partagé par Michel Goron, l’administrateur des affaires maritimes de Mayotte. « Il ne s’agit pas ici d’une catastrophe naturelle ou d’une houle cyclonique. Nous avions prévenu les pêcheurs en amont. Ce qui a surpris c’est l’intensité de la houle. »
Il a été contacté tôt ce matin par les pêcheurs. « C’est majoritairement la zone du Four à chaux qui est concernée par les évènements. Nous nous sommes rendus sur les lieux et nous avons pu observer les dégâts. »
Le travail de la direction des affaires maritimes a consisté à orienter les pêcheurs. « Nous leur avons expliqué de retourner la barque et d’enlever les moteurs. Désormais les pêcheurs vont se retourner vers leurs assureurs. »
Très proche de ses administrés, il reste positif quant à la situation. « À Mayotte nous avons de très bons marins. Ils sont prudents. Ce qui pose problème c’est avant tout la qualité de leur outil de travail. Mais nous sommes en train de monter des projets pour leur permettre d’avoir accès à des bateaux plus fiables. » En attendant, il faudra réparer le matériel abîmé en cette période d’alizés.
YM
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