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vendredi 29 mars 2024
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« Une vie meilleure », un film scolaire sans décodeur

Un film annoncé comme pédagogique, tourné par des lycéens de Mamoudzou Nord, veut montrer la difficulté pour les comoriens de bénéficier des services publics à Mayotte, en raison de l’hostilité des mahorais qu’ils ont en face d’eux. Il provoque logiquement une levée de bouclier.

14 minutes qui font déjà le buzz. Le film « Une vie meilleure » tourné par des lycéens de Terminale de Mamoudzou Nord en option cinéma, met en scène la difficulté que rencontrent des comoriens pour s’inscrire dans les administrations à Mayotte, notamment l’Education nationale, et l’attitude de familles mahoraises, qui les exploitent en leur promettant des papiers sans les rémunérer correctement, voire du tout.

Des extraits ont été diffusés à la ministre des outre-mer ce lundi soir, au Journal télévisé de Mayotte la Première. On y voit une maman rejetée par une fonctionnaire mahoraise raciste, « sale anjouanaise ! », et exploitée par une famille qui commence par lui refuser un certificat d’hébergement nécessaire à l’obtention de ses papiers, pour ensuite la faire travailler au noir, avant de la faire expulser par la Police aux Frontières.

Une situation vécue, « c’est de la réalité », se défend l’enseignant de terminale, reconnaissant à demi-mot « une stigmatisation ». Interviewé par nos confrères, le vice-recteur défend le support pédagogique, « la qualité de jeu des acteurs », et avertit, « c’est un film, c’est une fiction. Elle a le mérite d’ouvrir le débat ».

Un scénario qui a provoqué une réaction immédiate du Collectif des citoyens de Mayotte qui saisit le procureur, le préfet et le maire de Mamoudzou, en évoquant un « outrage », pour exiger l’interdiction de diffusion de ce film, « pour atteinte à l’ordre public », et demande des poursuites pénales « pour incitation à la haine raciale ». (Lire la Lettre Collectif des Citoyens de Mayotte)

Espoir et désespoir

“Sale anjouanaise”… entre vécu et stigmatisation (Capture d’écran JT Mayotte la première)

En réponse à cette diffusion, la ministre Annick Girardin faisait remarquer que c’était « l’espoir de tous les parents que de donner une bonne éducation à leurs enfants », et invitait à regarder la vérité en face, « l’exploitation de la misère des comoriens existe ici ». Elle appelait précisément les mahorais à ne pas fournir les justificatifs demandés… destinés à l’inscription des enfants dans les écoles. Les comoriens peuvent donc rêver d’une meilleure éducation pour leurs enfants, mais doivent savoir qu’ils ne pourront pas y accéder…

On voit bien la fragilité du débat, et la conception d’un tel film est au moins maladroite, au pire emprunte d’idéologie, ce qui serait difficilement acceptable en milieu scolaire.

Car s’il est vrai que ces situations d’exploitation de la misère et de comportements haineux, existent à Mayotte, il était important de faire sentir qu’ils n’étaient pas généralisés. Alors que les tensions communautaires sont fréquentes, et que l’immigration clandestine pèse de tout son poids sur les services publics, c’est pour le moins maladroit.

D’autre part, il faut rappeler ce qu’est un document à valeur pédagogique. Lorsqu’une pièce de théâtre est montée par les scolaires sur les violences faites aux femmes, cela ne sous-entend pas que tous les maris sont violents et agressifs.

Il ne reste donc plus qu’à monter un film éducatif, sur un chef d’Etat qui ne fait rien pour améliorer le quotidien de son peuple, mais qui le laisse risquer sa vie pour bénéficier des services publics d’une île où il fait meilleur vivre parce qu’elle a fait le choix d’être française, mais qu’il considère comme sienne. Une fiction ?…

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
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