A l’échelle de l’île, il est connu pour ses camions roses (MAP) et ses concerts vedette du samedi soir au Trévéni. Plus localement dans la commune de Koungou, Tanchiki Maoré est vu comme un grand frère qui a réussi. En 2014, face à un contexte social tendu qui ne s’était pas remis des émeutes de 2011, il choisissait en 2014 de faire venir l’humoriste Gohou à Koungou, avec encadrement par les jeunes de la commune. Ce fut une réussite. Non seulement le stade avait fait le plein, mais aucun débordement n’avait été enregistré.
Une recette qu’il duplique lors de l’organisation de ses concerts, mais avec une activité grandissante qui l’éloignait un peu du terrain. « Une partie des recettes sert toujours à financer les maillots ou ballons de foot, mais en raison de priorités familiales, j’avais levé le pied sur les organisations d’actions avec les jeunes », nous explique-t-il. Des difficultés financières également rencontrées avec le restaurant le Trévani, l’ont accaparé. « Je remonte la pente là, notamment grâce à un nouveau cuistot, nous avons fait le plein samedi », rassure-t-il, tout en réclamant malgré tout un moratoire sur les charges sociales.
Ils sont 37 salariés à travailler pour le restaurant, mais surtout en comptant l’ensemble des sociétés qui tournent autour de MAP, c’est le 2ème plus gros employeur de la commune après la mairie, puisqu’il sont 96 de ses 113 salariés à y habiter. « La seule arme pour tirer l’île vers le haut, c’est la création d’emplois, trop peu ont du pouvoir d’achat à Mayotte. » En filigrane, un appel à être soutenu. Selon les statistiques de l’INSEE, un salarié fait vivre environ 5 personnes à Mayotte.
« Les gendarmes ne sont pas vos ennemis »
Pour renouer les liens avec des jeunes en errance, l’entrepreneur a organisé un voulé ce samedi, « ils étaient plus d’une soixantaine. Il faut les canaliser, leur expliquer que les gendarmes ne sont pas leurs ennemis, qu’ils sont là pour assurer la paix sociale. » Les forces de l’ordre étaient d’ailleurs invités, « ils sont passés au voulé, et je veux souligner l’implication du commandant de la brigade de Koungou qui se bat tous les jours pour trouver des occupations à ces jeunes. Car nous avons fait la preuve que quand on s’occupe d’eux, ça marche. Ils sont tous de grands enfants. »
Avec un ancien responsable de la sécurité à La Réunion, Saïd Moharabou, Tanchiki Maoré crée une association de médiateurs, « pour canaliser cette jeunesse, trouver des occupations à ceux qui sont déscolarisés, et qui n’ont souvent pas de papier, notamment avec des actions de protection de l’environnement. Il y a un gros besoin sur Koungou. » Il va démarcher le Centre communal d’action sociale (CCAS) pour connaître les formations mobilisables.
Beaucoup d’idées dans la tête de l’entrepreneur qui ne tient pas en place. L’une d’elle devrait voir le jour d’ici la fin de l’année, et permettrait de former ces jeunes désœuvrés à l’accompagnement de touristes sur les chemins de randonnée, « ils les connaissent bien ! », lance-t-il en souriant.
Il aura en tout cas prouvé qu’on peut créer une entreprise à Mayotte et la voir s’épanouir, puisque MAP va fêter ses 10 ans cette année !
Anne Perzo-Lafond