27.9 C
Dzaoudzi
samedi 27 avril 2024
AccueilEconomiePas de surpêche dans la zone selon les Affaires maritimes

Pas de surpêche dans la zone selon les Affaires maritimes

Poussés peu à peu à l’extérieur du lagon pour protéger la ressource, certains pêcheurs se retrouvent à partager les bancs de thons avec les navires Seychellois. Nous avons cherché à savoir ce qui grenouillait dans notre zone…

Les navires Seychellois n’ont pas bonne presse sur le lagon mahorais. Et pas seulement chez les thons. A écouter les plus gros armateurs de pêche de Mayotte, la gestion des fonds sous-marins ressemble plus à une forêt vierge d’où disparaitraient peu à peu les espèces, qu’à une zone réglementée. Ils sont plusieurs à avoir alerté sur une surpêche.

Soumis à la question par deux de nos parlementaires mahorais, le sénateur Thani Mohamed Soilihi et le député Mansour Kamardine, la Directrice de cabinet du ministre de l’Agriculture a tranquillisé les esprits, « il n’y a pas de surpêche à Mayotte ».

Nous avons volontiers coincé notre vice-président du Sénat lors de son dernier passage à Mayotte, pour tenter d’y voir plus clair. Mais il était lui aussi en attente d’information : « L’eurodéputé Younous Omarjee avait alerté au Parlement européen d’un phénomène de surpêche dans notre zone, mais nous manquons de données chiffrées. »

Un organisme les a, la Direction de la Mer Sud Océan Indien (DMSOI, ex-Affaires Maritimes) à Mayotte, dont le directeur actuel, Michel Goron se veut rassurant : « Si la zone était en surexploitation, l’Union européenne imposerait des quotas et une surveillance des navires. » Oui, mais si aucune donnée fiable n’indique une surpêche ?… Cette fois, le militaire est ferme : « Pour que ce soit le cas, il faudrait que la quantité de poissons pêchés soit supérieure à la capacité de reproduction. Or, avec 2.300 tonnes pêchées en 2018 par les thoniers senneurs dans la Zone Economique Exclusive, c’est à dire jusqu’à 24 milles, on est loin du compte. »

« Les thoniers européens viennent peu »

Un des palangriers de Cap’tain Alandor

Car la pêche est réglementée, et d’ailleurs, Mayotte a une carte à jouer. Pour comprendre les enjeux, il faut savoir qu’il y a trois types de pêche.

Les thoniers senneurs pour commencer : « Il y en a 8 immatriculés aux Seychelles, qui ont donc des licences, ainsi que 5 français, immatriculés à Mayotte mais qui ne viennent jamais pêcher ici, et une flotte de thoniers européens qui vient peu, délaissant Mayotte pour des zones plus prolifiques. » Ce sont les 8 seychellois qui ont totalisé les 2.300 tonnes de pêche. Quant aux 5 immatriculés à Mayotte, la France a utilisé ce réservoir d’immatriculations supplémentaires dans une flotte nationale qui lui était comptée, mais pour s’en aller pêcher ailleurs. Pas au détriment de pêcheurs mahorais qui voudraient se doter de thonier, assure Michel Goron, « nous n’en sommes pas encore là ! »

Car ensuite, nous avons des palangriers, « il y en a 5 ». Ce sont les réputés Cap’tain Alandor, Copemay, ainsi qu’un dernier pêcheur mahorais, Boura. Ils pêchent en tirant des lignes, les palangres, « et notamment les thons, en pêchant dans le même stock que les thoniers. » Le plafond est fixé à 12 palangriers à Mayotte. Il y a donc encore de la marge.

Enfin, la pêche côtière, appelée « barque Yamaha » ici, 150 sont immatriculées avec permis de navigation. « Petit à petit, nous arrivons à ce qu’ils soient inscrits maritime, pour remplacer leurs barques par des navires équipés », indique Michel Goron qui précise que l’un est en cours d’acheminement. L’objectif est de les faire « sortir du lagon, pour préserver la ressource, en les faisant pêcher autour des DCP*».

Vif appétit des Seychellois

Pêche au filet de barques Yamaha dans le lagon

C’est là que Mayotte peut peser : « Plus les pêches palangrière et côtière seront fortes, plus le nombre de kilowattheures enregistré pour Mayotte à Bruxelles sera élevé, plus nous pourrons demander de réduire les licences de pêche des thoniers senneurs. »

Car l’appétit des seychellois en matière de thons est vif. « Ils demandaient à passer de 8 à 13 licences. J’ai refusé, en raison d’un environnement hyper protégé, notamment la proche réserve des Glorieuses, et de l’ouverture permanente de notre zone de pêche aux thoniers français et européens. » D’autant plus que leur moyenne de pêche était de 900 kg par an les années précédentes, pour grimper donc à2.300 tonnes cette année.

Surtout qu’il explique devoir se battre, « notamment grâce à l’intervention du sénateur Thani Mohamed », pour obtenir à Bruxelles des dérogations de renouvellement de la flotte de pêche mahoraise, dont les palangriers, « ce ne serait pas logique de lâcher sur des licences supplémentaires. »

Car, le problème pour les palangriers, c’est d’être assis entre deux bancs de poissons, « entre la pêche côtière que l’on veut développer en dehors du lagon et les thoniers senneurs ».

Deux ans de gestation pour un petit ponton

Michel Goron en mairie de Koungou sur l’implantation de pontons, en mars 2017

Chacun des 8 thoniers paie 60.000 euros par an de licence, soit 480.000 euros qu’encaisse la préfecture, « pour financer le navire des Affaires maritimes alloué notamment au contrôle de la pêche. » Mais sans aucun reversement aux pêcheurs de Mayotte… « D’autres fonds existent pour ça ».

Mais pas performants. Sept pontons de débarquement de pêche sont toujours prévus, annoncés il y a plus de 3 ans par Michel Goron himself. C’est long. « Oui, mais financés à hauteur de 500.000 euros chacun par l’Etat au titre du contrat de convergence, ils font l’objet de multiples études environnementales, et au cas par ca. C’est le cas de ceux de Bandrélé et Kani Keli. Le délai est de 18 à 24 mois. » Bienheureux bretons qui n’eurent pas besoin de compter leurs crevettes pour aménager jadis leurs pontons de pierre, et qui ont pu devenir le peuple de marins pêcheurs que l’on connaît…

Revenons à nos données chiffrées. Si celles de la pêche au thon sont à peu prés connues grâce au Parc Naturel Marin mandaté par l’IFREMER, ce n’est pas le cas pour les palangriers et la pêche côtière, « ce sera fait quand nous aurons les points de débarquement, avec les pontons, les halles au poisson, les véhicules frigo, etc. » Mais je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans pourront sans doute connaître…

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

8 Commentaires

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139518
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139518
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139518
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139518
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139518
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139518
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...