Le centre hospitalier de Mayotte monte en qualité et le fait savoir. Lors d’un point presse ce lundi, la certification de l’établissement par la Haute autorité de santé et la visite par la chambre régionale des comptes (CRC) était au menu, et ces inspections doivent prouver pour le président Issa Issa Abdou que l’hôpital est “un bel établissement”, même si reconnaît-il, “il n’a pas toujours bonne presse, mais à tort”. “Bientôt le rapport de la CRC viendra saluer un bon fonctionnement” assure-t-il.
La direction indique aussi que le laboratoire a reçu son accréditation Cofrac (comité français d’accréditations). Une précédente visite “il y a deux ans et demi” avait conclu à plusieurs réserves, “tous les écarts ont été levés” note la directrice Catherine Barbezieux pour qui “cela montre la qualité du personnel”. Ce qui a changé en deux ans, c’est surtout “la traçabilité de tout ce que l’on fait, avant on n’était pas en mesure de faire la preuve de ce qu’on faisait à tous les niveaux”, en outre, de vieux automates ont été changés cette année et une ingénieure qualité a été embauchée.
Tout cela était nécessaire pour mener à bien un gros projet du centre hospitalier : la création prochaine d’un laboratoire dit “P3”, ainsi appelé car il est habilité à l’analyse d’agents pathogènes de classe 3. Ces bactéries ou virus ainsi classés sont “des micro-organismes qui peuvent provoquer une maladie grave chez l’homme mais pour lesquels il existe une prophylaxie ou un traitement efficace” indique l’Institut Pasteur.
Prévenir pour mieux guérir
Ce laboratoire, structure confinée, équipée de sas hermétiques et d’une ventilation spéciale permettra en premier lieu le suivi de pathologies comme la tuberculose dont actuellement les analyses “doivent être envoyées en métropole”, ou les coronavirus, dont une seule suspicion a été relevée cette année. Mais d’autres pathologies non moins inquiétantes sont en ligne de mise, comme Ebola.
Mayotte est pour l’instant épargnée, mais “avec les flux migratoires on n’est pas à l’abri” note Sophie Olivier, responsable des laboratoires au CHM. “Le laboratoire P3, implanté au sein du CHM à Mamoudzou permettra de répondre à toutes les alertes en moins de 12 heures” salue Catherine Barbezieux. En somme il s’agit d’anticiper un risque qui n’est pas présent, mais qui nécessiterait le cas échéant de ne pas perdre une minute. Le personnel est quant à lui déjà habilité et n’attend plus que ce nouvel équipement, dont la date de livraison n’est pas précisée.
Y.D.