L’attaque a laissé à la victime un profond traumatisme. Le 29 juin dernier dans la soirée, cette enseignante rentrait chez elle dans le quartier des 100 Villas à Mamoudzou. Là, un jeune homme qui errait dans la rue l’interpelle. “J’ai faim” affirme-t-il. “Je n’ai rien sur moi”, répond calmement la dame, avant de se tourner pour ouvrir sa porte. C’est là que la situation dégénère. Le garçon s’emporte, saisit sa victime par le bras et lui masque la bouche pour l’empêcher de crier. Il la traîne sur quelques mètres pour l’attirer à l’écart. Selon le témoignage de la victime, il aurait tenté de l’embrasser et de lui toucher les fesses avant de lui cracher au visage et de prendre la fuite avec son téléphone portable. Deux jours plus tard, le suspect est interpellé grâce à la description fournie par la victime et à la vidéosurveillance.
Dès lors le mis en cause multiplie les changements de version. Seule constante : il nie toute agression sexuelle (il n’était d’ailleurs pas jugé pour ça) et affirme avoir seulement “fouillé pour voir si elle avait quelque-chose” à voler. Pensant sans doute se dédouaner, il affirme aussi dans un premier temps que le vol était commandité par “deux délinquants” qui l’auraient menacé s’il ne trouvait pas un portable pour eux, avant de se rétracter face à une vidéosurveillance qui ne montre personne d’autre dans la rue ce soir-là pendant les deux heures précédentes. A l’audience, il a réitéré cette version peu convaincante et qui “n’excuse en rien” rappelle le procureur. “Vous êtes libre de mentir, c’est votre ligne de défense mais le tribunal est libre de ne pas vous croire” poursuit le représentant du ministère public.
Un euro symbolique
A l’audience, le prévenu nie aussi aussi sa propre affirmation selon laquelle il avait faim ce soir-là. “Je n’avais pas faim, je me rendais chez mon père” argue-t-il.
Dernier élément à charge, le portable volé n’a pas été remis à deux délinquants mystérieux, mais à un ami du prévenu, qui a fait l’objet d’une composition pénale pour recel dans cette affaire. Des éléments qui sont autant de “contradictions” que le procureur déplore. Quant à la victime, représentée par Me Souhaïli, elle a “très mal vécu” cette agression, et n’ose plus sortir depuis lors, explique l’avocat. “Je suis un peu emprisonnée” lui a-t-elle décrit. Un comble pour une victime. Encore trop choquée pour affronter son agresseur à l’audience, elle n’est pas venue, laissant le juriste parler pour elle. Mais souhaitant “ne pas l’enfoncer” pour autant, “elle espère qu’il comprendra que la voie qu’il a choisie n’est pas la bonne s’il veut un avenir” relate son avocat. Elle ne demandait qu’un euro de dommages et intérêts, à titre symbolique. Une bienveillance qui pour le procureur cache mal “un retentissement psychologique énorme pour la personne qui a subi cette violence extrême”. Il a réclamé 8 mois de prison avec sursis. Le tribunal l’a suivi, en y ajoutant l’euro symbolique. Le jeune homme est quand même parti en prison, étant incarcéré pour une affaire de viol sur mineure. La peine avec sursis le suivra donc à sa sortie, mais sans doute pas avant un bon moment.
Y.D.
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