Un mariage maintenant, et demain “beaucoup d’enfants” assure le vice-recteur Gilles Halbout qui s’amusait de la métaphore filée avec le colonel Jardin, commandant du RSMA. Ce mardi, tous deux signaient une convention de partenariat visant à mutualiser les moyens scolaires et militaires avec un enjeu : former des jeunes et les placer sur le marché de l’emploi.
“On avait signé une première convention plus générale en janvier, mais le nouveau recteur a vu toutes les synergies possibles” explique le colonel Jardin. Pour comprendre cette “synergie”, resituons le rôle de chacun : le vice-rectorat, qui deviendra un rectorat de plein exercice au premier janvier, assure la formation initiale des élèves à l’école publique. Mais l’île est victime d’un important décrochage scolaire. 25 000 jeunes de 16 à 29 ans vivent à Mayotte sans aucune qualification professionnelle.
Le RSMA de son côté “agit auprès des jeunes décrocheurs” rappelle le colonel. En les accueillant dans un cadre militaire strict, l’établissement installé à Combani (ré)inculque des notions de savoir-vivre élémentaires, et oriente les jeunes vers des formations. Au fil des ans, la structure est devenue la plus efficace d’outre mer avec près de 90% d’insertion dont les deux tiers en emploi durable. Le RSMA est donc devenu le fournisseur officiel de main d’œuvre de nombreuses entreprises qui ne jurent plus que par cette filière. Le Régiment doit donc s’équiper en plateaux techniques, que ce soit en cuisine, en menuiserie ou en mécanique. Des secteurs porteurs où le vice-rectorat intervient aussi avec ses élèves et son matériel. Mais ce dernier a un coût non négligeable.
Un cercle vertueux entre les deux administrations
Avec cette convention, les deux acteurs vont pouvoir faire des demandes communes, pour avoir des plateaux pédagogiques plus performants, avec moins de besoin en foncier et des personnels en commun. Gagnant, gagnant. En outre, une fois “rattrapés” par le RSMA, les jeunes jadis en décrochages qui auront acquis des savoirs de base dans un domaine pourront retrouver les bancs de l’Education nationale pour un bac pro ou un BTS et revenir dans le circuit avec un diplôme inimaginable deux ans plus tôt. “Là, le vice-rectorat peut prendre le relais pour former des chefs d’équipe” note le colonel Jardin. “On a besoin à Mayotte de cadres intermédiaires” confirme Gilles Halbout.
A court terme, ce dernier se fixe un objectif central : “si l’année prochaine on réussit à ce qu’aucun jeune ne sorte sans formation, on aura réussi quelque chose. Notre enjeu c’est que plus aucun jeune ne quitte le système scolaire sans qu’on lui propose une formation professionnalisante”.
Y.D.
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