Comment développer le tourisme à Mayotte ? Cela représenterait-il seulement une manne financière pour le département dans une zone du monde où ce secteur est déjà largement structuré ? Pour y répondre le Département a décidé d’élaborer un schéma, au même titre que pour le social par exemple. La dernière phase de diagnostic en vue de ce schéma était présentée ce mercredi.
Le premier résultat du diagnostic, c’est que le tourisme est bien “retenu comme filière économique structurante” pour le territoire. Dès lors, quelles actions mettre en oeuvre, par où commencer ?
Plusieurs constats donnent la mesure de la tâche. Une offre hôtelière limitée et “aux prix très élevés par rapport au reste de l’Océan Indien”. Un foncier lui aussi “rare et cher”, “quelques spots touristiques” mais pas vraiment de circuit, des chemins de randonnée peu entretenus.
La seule option ,”viser l’écotourisme”, Mayotte ne sera jamais “une station balnéaire” conclut l’étude.
L’idée est donc de “doubler le nombre de touristes” et “d’atteindre 50% de touristes d’agrément”. Actuellement la quasi totalité sont des touristes affinitaires, qui connaissent quelqu’un sur place.
Pour y parvenir, le diagnostic préconise d’utiliser l’existant, les richesses de l’île, pour les développer. Plages, plongée, randonnée sont autant de secteurs à développer. Mais déjà des freins se présentent.
Lors d’une formation de moniteurs de plongée, “sur 16 places, on a eu 5 inscrits” souligne Philippe LeMoine, directeur du Cros de Mayotte. “On a un problème d’encadrement” déplore-t-il, dressant le constat d’une “difficulté à amener les Mahorais sur l’eau et dans l’eau”. Pourtant, “le plus gros employeur du sport à Mayotte, c’est l’école de plongée”. Il préconise quant à lui de mettre l’accent sur le kayak, le lagon offrant des possibilités comme il en existe peu ailleurs dans le monde.
Le manque de chambres d’hôtels est aussi un vaste problème. Le diagnostic prône d’en bâtir jusqu’à 150 d’ici 5 ans, pour atteindre 500 chambres en 10 ans. Or, s’il faut compter jusqu’à 10 ans pour bâtir un hôtel, il y a urgence. Les jeux de 2027 “c’est 2000 personnes à héberger rien que pour les délégations ,poursuit M. Lemoine, même si on a les équipements sportifs, on fait comment sans hébergement ?”
Le problème se pose aussi pour un autre levier potentiel moins étudié dans le cadre du schéma : le gaz du Mozambique et ses centaines d’ouvriers et d’ingénieurs qui, amenés à travailler près de nos côtes, sont d’autant plus susceptibles de passer des congés chez nous. Aucune “offre spécifique” n’a été pensée pour eux.
En revanche le schéma n’a pas oublié les Mahorais. Encore peu friands d’activités payantes, il est prévu d’aménager les plages pour coller aux demandes de loisirs en famille ou entre amis (voir photo).
Enfin un observatoire du tourisme devra être créé, pour surveiller l’efficacité de chaque mesure entreprise et les développer. Un bilan sera fait dans cinq ans pour ajuster le programme de développement de ce secteur.<
Y.D.