C’est un “recteur heureux” qui s’exprime sur le communiqué de presse émis par le ministère de l’Education nationale cette semaine. Gilles Halbout se sent “entendu” et voit l’année à venir avec le sourire.
D’abord parce que 48 postes supplémentaires sont créés dans le premier degré.
“On a été bien fournis en postes cette année. On franchit un cap historique puisque pour la première fois, Mayotte est dans le 1er degré mieux encadrée que n’importe quelle académie de métropole, on a même dépassé la Réunion. On calcule par nombre d’enseignants pour 100 élèves. Mayotte vient de passer à 6,3 enseignants pour 100 élèves, et la moyenne nationale est de 5,69.”
Cette hausse des effectifs n’aura pas d’impact sur les rotations qui “dépendent du nombre de classes et non du nombre de professeurs” mais “le ministère nous donne des postes qui jouent sur le taux d’encadrement. La grande nouvelle de la rentrée c’est qu’on rattrape le retard. L’an dernier on était à 5,85 enseignants pour 100 élèves. Soit une hausse de 0,45 points. A titre de comparaison, le 2e département en termes de progression, c’est de 0,25 et c’est la Corse.”
Pour Gilles Halbout, cette annonce “est une marque de prise en compte de la spécificité de Mayotte, il y a un besoin fort car on a une population délicate, une zone prioritaire et un gros retard. On va avoir à la rentrée 2020 des marges de manœuvre pour pouvoir commencer le dédoublement des classes de grande section voire alléger des classes.”
L’autre bonne nouvelle, ce sont les 78 postes en plus annoncés dans le 2nd degré, et dont la répartition doit être discutée en début d’année.
“Pour le second degré, on a 81 postes en plus, soit 78 postes physiques et le reste, ce sont des heures complémentaires, alors qu’au niveau national c’est 440 postes en moins, car le choix a été fait de privilégier le premier degrés sur le second.” De quoi aider l’académie de Mayotte à mener ses objectifs.
“Ici on a décidé de lutter contre le décrochage scolaire dans le second degré. Il nous faut 3 ingrédients, le premier c’est des postes, on les a. On aura même des marges de manœuvre pour ouvrir des parcours talents et des classes à horaires aménagés, tout ça c’est des heures en plus si on veut développer des options latins et des classes européennes.
Ensuite il nous faut des salles de classe. On va installer de manière provisoire une centaine de modulaires, c’est ce qu’il nous faut pour accueillir une centaine de classes nouvelles. Enfin il va nous falloir un enseignement très professionnalisant, donc des plate-formes techniques et des enseignements en petit groupe.
Maintenant qu’on a les postes on va pouvoir ouvrir de nouvelles formations de type CAP, Bac-pro et classes passerelle.”
Des moyens en plus
Enfin, le plan pour l’avenir de Mayotte prévoyait 10 postes administratifs supplémentaires pour accompagner la création de l’académie et du rectorat de plein exercice.
“La 3e bonne nouvelle, c’est qu’on avait demandé des moyens pour renforcer l’évolution administrative, on savait qu’on aurait 10 postes, finalement on en aura 13” indique Gilles Halbout, qui n’en perd pas ses responsabilités de vue.
“Derrière chaque bonne nouvelle il y a du travail. Pour le 1er degré il va falloir qu’on définisse une politique pour bien utiliser les marges de manœuvre qu’on a. Pour le 2nd degré, il faut qu’on ouvre les formations qui vont bien pour les élèves décrocheurs. Enfin si on crée des postes administratifs c’est pour améliorer la démarche qualité, un des leviers de notre projet académique, c’est d’améliorer le service, il va falloir que ça se voie en termes de qualité.”
Par ailleurs, des créations de postes nécessitent du personnel pour occuper lesdits postes.
Il va donc falloir “qu’ on réussisse à la rentrée à recruter tout le monde. Pour le 1er degré je ne suis pas trop inquiet car on forme de plus en plus sur place des enseignants du CUFR. L’année prochaine on aura une promotion de 150. Pour le 2nd degré, on est à 50% de contractuels. Il faut les fidéliser, les former, proposer des contrats plus longs, et les amener à passer les concours de fonctionnaire, mais aussi qu’on attire des jeunes de métropole. Il faut qu’un jeune qui vient d’avoir son Capes trouve son intérêt financier et personnel à venir à Mayotte. Enfin il faut former sur place, et ça, ça prendra 3 ans.”
Pour le vice-recteur, ces annonces sont “plus qu’un cadeau de Noël c’est un encouragement”.
Y.D.