L’aménagement est une des failles de Mayotte. En dehors de la mairie et des mosquées, peu d’édifices dans les communes et les prestations offertes aux habitants sont soit émergentes, soit inexistantes. Avec le projet de la Zone d’Aménagement Concertée de Mramadoudou, l’intercommunalité du sud frappe un grand coup, un coup à 47 millions d’euros qui doit s’étaler sur 10 ans. Revue et corrigée depuis une première présentation avortée en 2015, elle bénéficie désormais du portage de la communauté de communes.
C’est un groupement sous forme de duo qui a emporté le marché, la Société Immobilière de Mayotte (SIM) étant associée à Vinci Construction, par le biais de ses filiales OCIDIM, SMTPC et Sogea. « C’est une forme juridique qui va permettre de gagner en terme de délais, en accélérant les procédures », nous explique Ahmed Ali Mondroha, directeur de la SIM. Cette dernière est mandataire, OCIDIM est assistant à maitrise d’ouvrage, Sogea gèrera les travaux d’aménagement et SMTPC, la construction.
Les entreprises n’auront en effet pas besoin d’être consultées au fur et à mesure de la réalisation puisqu’elles sont membres du groupement. Des bureaux d’étude et des architectes assurent la sous-traitance.
Le risque assumé par l’aménageur
C’est la première fois que la SIM participe à ce type de groupement, rapporte encore son directeur, « pour y parvenir, nous nous sommes dotés de compétence en recrutant quelqu’un qui commencera à travailler début février. » Les 600 logements prévus sur 10 ans sont intégrés dans les 5.000 que la SIM doit produire.
Il s’agit d’une concession d’aménagement avec transfert de risques, c’est à dire qu’ils seront assumés par le groupement d’aménageur. Le DGS de l’intercommunalité du Sud, Philippe Leclere, nous détaille le financement de l’investissement de 47 millions d’euros : « Nous apportons 4 millions d’euros, répartis sur 10 ans pour éviter toute lourdeur pour le contribuable. Ensuite, l’aménageur qui supporte le risque, a souscrit un prêt Gaïa par la Caisse des Dépôts, destiné au financement de l’acquisition du foncier pour développer l’habitat social, et bénéficie d’une subvention FRAFU ».
Les logements sociaux sont une partie du programme, « nous proposons aussi de l’accession à la propriété et de la location simple ». Seront également érigés sur les 13 ha, une gendarmerie, une caserne des pompiers, un pôle administratif, une maison de vie, une crèche, une résidence autonomie, un pôle santé, des aires de loisirs multi sports, des commerces et services de proximité dont un supermarché.
C’est la plus grosse opération jamais menée dans le sud, et elle ne sortira pas de terre avant les 14 mois d’étude notamment sur le foncier et l’aménagement. Le traité de concession était signé ce jeudi.
Anne Perzo-Lafond