Le 7 août dernier, un jeune agriculteur a vécu l’enfer à Bandraboua. Alors qu’il était au champ “pour récolter des songes”, le jeune homme est abordé par trois personnes, deux Comoriens, et un Français natif de la commune, fils du plus âgé des prévenus.
Dès lors, le témoignage de la victime, seule à la barre, fait froid dans le dos. “ils sont arrivés et m’ont accusé d’avoir volé un zébu, je n’étais pas au courant de cette affaire mais ils m’ont ligoté, bandé les yeux, je ne voyais rien. Ils m’ont amené dans la foret. Là ils m’ont déshabillé et m’ ont laissé en slip et ont déchiré mon pantalon. “
Le jeune homme a beau clamer son innocence, la scène va plus loin encore. “Ils m’ont lié les pieds et les mains et m’ont frappé avec des bouts de bois. Ils m’ont demandé d’avouer que j’avais volé le zébu mais j’ai refusé d’avouer quelque chose que je n’avais pas commis.” En position de force, les trois “courageux” justiciers vont jusqu’à menacer leur victime de la mutiler si elle n’avouait pas le vol imaginaire.
L’un d’eux a toutefois fini par se dire que la situation était anormale et a tenté de raisonner les deux autres, dont l’aîné, principal auteur des coups. La victime du rapt est détachée puis emmenée plus loin en forêt. Assoiffé, le jeune homme se voit refuser de l’eau.
Les ravisseurs finissent par appeler un ami de leur bouc émissaire, et lui intiment l’ordre de prévenir sa famille, afin qu’elle vienne le récupérer… moyennant une somme d’argent censée compensée la perte du fameux zébu. Mais la famille au lieu de se plier au chantage prévient la gendarmerie, qui met fin au calvaire du jeune homme après quelques heures de violences.
Placés en garde à vue, les kidnappeurs-tortionnaires reconnaissent à mi-mot les faits. La victime, elle, souffre de blessures multiples. Ligoté, frappé et traîné au sol, le plaignant souffre de blessures au dos, aux articulations et de multiples contusions. La procureure Chloé Chérel dénonce “une violence extrême” et réclame, au moins pour le plus vieux des prévenus, de la prison ferme, à raison de 4 mois, plus 8 mois avec sursis. Pour les deux plus jeunes, elle demande 10 mois de prison avec sursis simple. Le tribunal a jugé que les faits ne justifiaient pas une incarcération, il a prononcé 12 mois avec sursis pour le père et 6 mois de prison avec sursis pour les deux autres.
Ce n’est pas la première fois que de tels déchaînements de violences précédés d’un enlèvement sont jugés à Mamoudzou, à chaque fois justifiés par un prétendu vol. Un cas de 2013 a été jugé en 2018. Un ado avait alors été torturé et pendu pour une télé volée. Une autre affaire, de 2014, a été jugée en 2015.
Y.D.