“Quand on parle des étudiants de Mayotte, on parle d’échec, de problèmes de bourse…” Benoise Ben Athmane, présidente de l’Aecum (association des étudiants du centre universitaire de Mayotte) veut en finir avec ces idées qui ont la vie dure, et qui, pire, reposent sur des bases factuelles solides. Il faut donc agir sur deux fronts, d’autant que “les étudiants mahorais ont du talent et peuvent réussir de grandes choses, il suffit de croire en eux et de les accompagner” exprime la bénévole en propos liminaire de l’ouverture du premier salon de l’étudiant de Mayotte, organisé par son association.
Ce n’est pas la première fois que les étudiants se voient proposer des actions d’information sur les filières, mais ce format lui, est une première explique en substance Saïd Mohamadi, co-organisateur de l’événement. “Jusque là on était sur des forums des métiers et des formations, or un forum dure moins longtemps. Là on parle d’un événement organisé par des étudiants, pour des étudiants”.
Le salon s’adresse aux étudiants en début de parcours universitaire, aux étudiants de BTS et aux élèves de terminale, principalement. Deux axes sont proposés : “découvrir les métiers qui recrutent sur le territoire” et “découvrir l’entrepreneuriat” détaille le bénévole.
Sur le premier point, des rencontres sont prévues dès ce mardi entre des chefs d’entreprises et les étudiants, sous la forme d’entretiens à la mode speed-dating. Le but étant de présenter aux jeunes des métiers et des opportunités de carrière. En clair, “il s’agit de demander à des professionnels de venir échanger avec de futurs professionnels” explique Saïd Mohamadi.
L’autre axe, c’est de sensibiliser à l’entrepreneuriat, autre voie en développement rapide à Mayotte. “L’idée est de demander aux étudiants qui ont une idée de création d’entreprise de la peaufiner avec des professionnels. Ils la préparent jusqu’au stade du financement. En fin d’année, un jury en sélectionnera 5”. Les projets les plus pertinents seront donc les start-up de demain !
Le but de ces projets présentés jusqu’à jeudi est d’offrir un autre regard sur la vie professionnelle que la voie royale de la fonction publique, synonyme pour les parents de stabilité, de sécurité de l’emploi et de revenus décents. “Nos parents nous ont toujours expliqué qu’il valait mieux travailler dans la fonction publique, mais il reste de la place pour tout le monde dans l’entrepreneuriat, beaucoup de jeunes sont doués dans des domaines variés” poursuit le jeune-homme, rejoignant dans les grandes lignes le leitmotiv de sa présidente.
Néanmoins, avoir un projet d’entreprise ne dispense pas de suivre ses cours. “A Mayotte, 81% des diplomés de l’enseignement supérieur ont un emploi” rappelle Aurélien Siri, directeur du CUFR. Le diplôme universitaire reste pour les employeurs un gage de sérieux dans la formation du jeune précise-t-il. Et si le CUFR n’a “pas de place pour tous les bacheliers” et jouit de partenariats avec plusieurs universités extérieures, sa capacité d’accueil se développe. De 378 places pour les nouveaux étudiants en 2018, le centre universitaire de Mayotte passe à 475 nouvelles places en 2020.
Le conseiller départemental du canton de Dembéni Issa Issa Abdou ne pouvait rater ce premier jour de salon dans son fief. Parmi les carrières en souffrance à Mayotte, il a tenu à partager avec les étudiants son expérience personnelle et ses mésaventures de robinets pour constater qu’il est “difficile de trouver un plombier à Mayotte”. Histoire de leur filer un bon tuyau.
Y.D.
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