Mayotte a plongé comme le reste du pays dans la mesure de précaution de la fermeture des écoles. En suivant les mesures nationales où sévit une forte contagion, alors que nous n’avons que peu de cas, nous devrions mieux endiguer la propagation du virus. Pour cela, il a fallu réorganiser le fonctionnement de l’enseignement. Et en trouvant des solutions adaptées au contexte.
« Il faut assurer le plus possible une continuité pédagogique, tout en prenant en compte les les contraintes des personnels », le recteur Gilles Halbout traduit les directives nationales, en visant à Mayotte, à la fois le support numérique et les institutions de proximité.
Première mesure, si les établissements ferment leurs portes aux élèves en ce lundi de rentrée scolaire, ils seront tous ouverts pour les enseignants et le personnel de l’éducation nationale, “sur la base du bénévolat. Nous devons notamment accueillir les enfants des personnels mobilisés, parce que indispensables au service public de gestion de l’épidémie, comme les agents du CHM, du SAMU, de l’ARS, et qui n’auraient pas pu les faire garder.”
Ensuite, comme sur le plan national, l’effort sera fait sur l’informatisation des contenus, « pour une mise en ligne des cours conçus localement ou tirés du CNED. Dans ce cas, nous allons simplifier leur accès. » Ce service sera accessible à tous les élèves disposant d’un Smartphone ou d’ordinateurs, avec un bémol, « tous n’ont pas souscrit un forfait, mais des cartes prépayées. Nous travaillons donc avec les opérateurs téléphoniques pour trouver des solutions. »
Le dispositif sera facilité par la mise en place cette année de ce qui existe déjà depuis un moment en métropole, L’Espace Numérique de Travail. “Les enseignants ont l’habitude de donner des cours à distance par ce biais et de transmettre des documents.”
Des cours disponibles dans les mairies
Pour tenter de poursuivre le programme là où ils l’avaient laissé, l’enseignant pourra mettre en place un emploi du temps de la semaine avec sa classe, et proposer des cours qu’il imprimera. Les élèves ne disposant pas de connexion internet pourront aller les chercher dans les établissements, dans les mairies ou dans les bureaux de Poste. « Nous allons en imprimer en grand nombre. Les professeurs sont mobilisés pour cela, tout sera disponible à partir de mercredi. » Un dispositif mis en place « jusqu’à nouvel ordre ».
Il suppose une implication du plus grand nombre dans l’intérêt collectif des élèves. Mais bien entendu, et comme l’ont souligné deux communiqués du SNUipp-FSU et de la CGT Educ’action qui appelaient avant tout à “protéger l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale, les élèves et l’ensemble de la communauté éducative”, le recteur indique que le déplacement dans les étblissements « ne concerne pas ceux qui reviennent d’une zone à risque en métropole, ou qui souffrent d’une pathologie chronique à risque. Ceux-là doivent rester chez eux. Et pour les autres, c’est sur la base du volontariat », souligne Gilles Halbout. Le télé-travail sera donc privilégié dans ces cas.
Mayotte la 1ère en super prof
D’ailleurs, les enseignants ont été nominativement contactés par courrier, « ceux qui ont voyagé se signalent à leur chef d’établissement ». Ceux qui reviennent d’une zone à risque sont confinés en « quatorzaine », durée d’incubation maximum du virus. « Nous avons même conseillé à certains qui se déclaraient souffrants en métropole, de retarder leur retour à Mayotte. » Une mesure qu’il serait sage de multiplier au sein de chaque entreprise et administration.
Et grande première, et même unique en France, des cours seront diffusés sur la chaine publique Mayotte la 1ère, “nous expliquerons le fonctionnement de l’école à la maison, puis nous diffuserons 2 heures de cours tous les jours sur la radio.”
L’organisation a tenu compte des derniers échanges avec le ministre de l’Éducation nationale ce dimanche, à souligner que la réactivité était primordiale à Mayotte, prise de cours avec des retours de profs ce week-end, pour une rentrée scolaire ce lundi, quand les autres départements s’organisent depuis jeudi dernier.
Ce lundi matin, Gilles Halbout va recevoir les parents, puis les corps d’inspection et les chefs d’établissements en après-midi, et mardi ce sera au tour des syndicats, « pour qu’on lance ensuite la machine ! »
Anne Perzo-Lafond