La maire de Chirongui – on peut toujours le dire, les mandats des maires actuels ayant été prolongés – interpelle le préfet sur les dispositifs à mettre en place pour pousser plus loin les précautions en tenant compte des spécificités de l’île. De son côté, elle évoque avoir mis en place les moyens pour sensibiliser la population et préparer la continuité du service public, notamment avec le télétravail.
Ironie du contexte, c’est en se basant sur le fort taux de participation de sa commune (75%) que la maire de Chirongui évoque le peu de sensibilisation de la population à la culture du risque, qui s’est donc déplacée en masse pour ce 1er tour d’élection contrairement à la métropole. Il faut dire que nous n’avions ce week-end là, qu’un seul cas importé. Elle en appelle donc au « recours à l’armée », pour citer le président Macron, pour faire respecter les arrêtés en cours : « Sans réelle présence militaire dans nos rues, le confinement ne sera pas respecté et ne permettra pas d’endiguer la propagation du virus ». Or, comme le rappelle l’élue, vu la saturation du système de santé en temps ordinaires, « si cette épidémie se diffuse au-delà des 2 cas recensés, nous allons au-devant de grandes difficultés. »
En ce qui concerne le confinement même, attention, il y a danger, avertit-elle. C’est en effet une chose que d’être confiné à deux dans un T3 de 70m2, c’en est une autre quand un nombre élevé de personnes, « parfois 10 ! » s’agace-t-elle au téléphone, vivent à plusieurs dans une pièce exigüe. « Nos écoles pourraient être ouvertes et aménagées si le besoin s’en ressent pout accueillir ces personnes à isoler ».
« Appliquer l’accord France-Comores »
Au niveau des mesures de protection, la maire appelle à fournir en quantité suffisante de masques et gel hydroalcoolique, les soignants, aidants à domicile et agents, « mobilisés au quotidien pour assurer les missions prioritaires ». Les mesures de distanciation ne sont pas respectées partout, notamment dans les commerces.
Anticipant une possible épidémie dans les îles voisines non encore touchées des Comores et de Madagascar, Hanima Ibrahima demande « d’appuyer l’application effective de l’accord de partenariat France-Comores signé en juillet 2019 afin de limiter les entrées sur le territoire, et de prendre des dispositions spécifiques pour orienter les cas graves de ce pays vers les hôpitaux d’Afrique du Sud ou de la Réunion ». Sa crainte, est de voir « affluer des malades par kwassas », risquant de « faire imploser la situation sanitaire ici à Mayotte. La situation malgache est également à prendre en compte en cas d’aggravation de l’épidémie sur leur sol. »
Faisant écho aux propos du préfet sur l’avance de Mayotte par rapport à la métropole et à d’autres régions du monde, la maire implore, « ne perdons pas de temps et dressons-nous même des barrières entre notre territoire et ce virus ».
Lire Courrier de Hanima Ibrahima au préfet sur le Covid19
A.P-L.