« Ma famille devait rentrer sur le vol Moroni-Dzaoudzi le 19 mars, mais la veille au soir, le vol a été annulé. J’ai eu au téléphone la “cellule de crise” de l’ambassade des Comores à Moroni le 20 mars, ils ont pris les identités des 3 enfants et de ma femme, et m’ont dit qu’ils allaient organiser un vol de rapatriement dans le week-end ou début de semaine prochaine à la condition de payer le billet d’avion. Il n’y a aucun problème pour ça, mais l’ambassade de France nous dit que c’est la préfecture de Mayotte qui bloque. Il y a une cinquantaine de français bloqués comme cela aux Comores. »
Difficile à comprendre au moment où le ministre des Affaires étrangères communique sur « des moyens importants » mis en œuvre pour rapatrier les français de passage à l’étranger. Un plan de transport « pleinement opérationnel » qui a permis ces derniers jours « le retour vers la France de plus de 60.000 de nos compatriotes ». Maroc, Tunisie, Algérie, Espagne, Portugal, Amérique Latine, Asie, Moyen Orient, sont cités, tout comme l’Afrique. Le ministre Jean-Yves Le Drian indiquait d’ailleurs veiller à ce que « les tarifs des billets d’avions soient régulés ».
Partis sans laisser d’adresse
Alors que cet infirmier va être fortement sollicité sur le plan sanitaire à Mayotte, il souhaiterait savoir sa famille en sécurité auprès de lui, « on me demande de tout donner pour mon pays, de faire appel à un certain patriotisme et solidarité, de travailler sans protection, alors qu’en même temps on laisse complètement tomber ma femme et mes enfants ! »
Ce n’est pas le cas, rassure Julien Kerdoncuf, sous-préfet chargé de la Lutte contre l’Immigration Clandestine à Mayotte, mais une mise à jours de justificatifs pour l’ensemble des français bloqués là-bas : « Les vols nous reliant aux Comores ont en effet été suspendus à partir du 18 mars. Depuis, un arrêté de restriction des déplacements a été pris dimanche, qui octroie des dérogations, notamment pour rapprochements familiaux. Mais cela doit être motivé par un justificatif, notamment de domiciliation à Mayotte. Or la liste d’une cinquantaine de ressortissants que nous a envoyée l’ambassade de France à Moroni, n’est pas complète au niveau des adresses. » Selon lui, ce n’est qu’une question de jours, « même si il va falloir organiser les retours avec des avions qui sont suspendus, cela peut aller très vite dès qu’on a tous les documents. »
Eric parle à sa femme plusieurs fois par jour au téléphone, « ils vont bien, mais la situation sur place change assez vite, les commerces commencent à fermer, les denrées alimentaires sont rationnées et le riz et les médicaments commencent à manquer. J’ai peur de la panique que cela peut engendrer là-bas, en cas de problème il n’y a pas le 15 pour le SAMU ou le 17 pour la police… Il faut se débrouiller ».
Anne Perzo-Lafond
* Prénom d’emprunt