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jeudi 2 mai 2024
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Coronavirus – “Il est absolument nécessaire d’éviter toute automédication”

Le docteur Maxime Jean est infectiologue au CHM, détaché à l'Agence régionale de santé pour la crise du coronavirus. Il fait le point sur cette maladie, la gestion à Mayotte et les gestes à adopter ou à éviter.

Le JDM : Coronavirus, Covid19, peut-on rappeler à quoi on a affaire au juste et comment le reconnaître ?

C’est une infection virale, un nouveau coronavirus, une famille de virus connus. Les symptômes les plus fréquents, c’est la toux fébrile, les voies respiratoires sont majoritairement touchées. On découvre au fur et à mesure un certain nombre d’autres symptômes. Il a été décrit des formes digestives, plutôt chez les personnes âgées, et un nouveau symptôme mis en évidence il y a deux semaines qui est la perte de goût et d’odorat, l’agueusie et l’anosmie.

Quels sont les symptômes qui doivent alerter tout particulièrement ?

Les signes qui doivent alerter sur une forme grave, ça va être un essoufflement inhabituel, en particulier chez les personnes âgées et celles qui ont des maladies sous-jacentes.

Dans ce cas on appelle le 15 ?

Aujourd’hui à Mayotte on est encore en phase 2 épidémique. On tente de limiter la diffusion de l’agent infectieux. Pour y parvenir, on doit identifier les cas de façon certaine afin d’enquêter autour de ces cas : personnes du domicile, de l’environnement professionnel… Chacune de ces personnes est rappelée pour leur donner un certain nombre de consignes. Or, c’est le 15 qui régule l’indication ou non de prélèvement. On a deux raisons d’appeler le 15 : une détresse respiratoires, sans attendre une éventuelle amélioration, on ne se pose pas la question. La deuxième raison, c’est si on a des symptômes évocateurs : toux, fièvre ou autre.

A posteriori si on est positif, on appelle aussi le 15 en cas d’essoufflement.

Une fois qu’on a appelé le 15 et qu’on est dépisté, comment ça se passe ?

Le centre 15 reste au coeur du dispositif, en cas de doute il faut appeler

Tant qu’on n’a pas la réponse du test, il faut se considérer positif jusqu’à preuve du contraire. On rentre chez soi, pas en taxi collectif, et on se confine en attendant la confirmation du résultat du prélèvement. On surveille sa température 2 fois par jour et l’évolution des signes respiratoires.

Si le test est positif, il y a un 2e test médical téléphonique pour évaluer la possibilité d’un maintien à domicile. Si le terrain est compatible, si la personne a bien compris les symptômes qui doivent l’alerter et est en mesure de se confiner chez elle, alors le maintien à domicile est confirmé et la personne entre dans une démarche d’auto surveillance. Elle va surveiller sa température deux fois par jour, rester confinée et donner l’alerte en cas d’aggravation. Ça ce sont les recommandations nationales pour une personne avec une forme peu sévère.

Si le terrain est plus fragile, avec un peu d’hypertension ou une maladie contrôlée, on va passer sur une hétérosurveillance simple. La personne fait son suivi seule, mais une équipe la suit par téléphone notamment vers le 7e jour, au moment où il a été décrit que la maladie pouvait s’aggraver.

Un 3e mode de surveillance mais qui n’est pas encore mis en route à Mayotte (ces personnes sont actuellement hospitalisées NDLR), c’est l’hétérosurveillance renforcée, avec une surveillance infirmière à la maison.

Il y a des traitements à prendre ou à éviter ?

Le haut conseil de la santé publique et l’agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) rappellent les bonnes pratiques en matière de prescription. Il est absolument nécessaire d’obtenir un avis médical et d’éviter toute automédication.
Il est important de rappeler que le seul médicament que l’on doit utiliser en cas de suspicion ou de test positif, c’est le paracétamol aux doses habituellement recommandées, là encore sur avis médical. Surtout pas d’anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène.

Qu’en est-il des études sur un traitement à base de chloroquine ?

Il y a plusieurs études d’une équipe marseillaise qui donnent la perception d’être efficaces sur la maladie avec le sentiment qu’il y a moins de formes graves et que la diminution de la quantité de virus serait plus rapide. Cependant, les critères habituellement reconnus pour valider avec certitude l’efficacité d’un traitement ne sont pas réunis dans les études décrites.

Au CHM un certain nombre de patients, avec une décision collégiale de plusieurs médecins se sont vu prescrire le traitement recommandé par le Pr Raoult depuis la parution du décret du ministre de la Santé. Mais il est trop tôt pour parler de résultats.

Certains patients se voient prescrire un antibiotique, pour quoi faire ?

L’antibiotique présent dans les essais cliniques vise à détruire une bactérie, en aucun cas le virus Covid19

La maladie à coronavirus est une maladie à virus, on n’a pas de médicament dont on a la certitude qu’il marche. Une des complications possible, c’est la surinfection bactérienne sur des poumons lésés par le virus. Contre les bactéries on a des médicaments efficaces que sont les antibiotiques.

En l’absence d’aggravation, on guérit en combien de temps ?

Dans la majorité des cas c’est une pathologie qui ne se complique pas.

Dans le cas où tout va bien, on (l’ARS, NDLR) rappelle environ 8 jours après le début des symptômes. S’il n’y a pas eu de souci et qu’il y a au moins 2 jours sans fièvre et sans essoufflement, alors on lève le confinement strict et on encourage la personne à rester vigilante. Pour être déclaré guéri, il faut un minimum de 8 jours depuis le début des symptômes, aucune fièvre dans les 48 dernières heures sans prise de paracétamol et que la personne n’ait pas eu d’essoufflement depuis au moins 48h. Si ces trois symptômes sont réunis on lève le confinement et la personne est considérée comme guérie.

Sans faire de nouveaux examens en laboratoire ?

Il n’y a plus de test biologique de guérison. Pour bien comprendre, dans le test, on demande à la machine de retrouver l’ARN, le matériel génétique du coronavirus. Elle répond oui ou non. Mais on n’est pas en mesure de savoir si le virus est toujours infectant. Initialement il était proposé de refaire cet examen, finalement on s’est rendu compte que pour des gens qui avaient un prélèvement positif, le virus n’était plus infectant. Il s’agit donc de virus mort ou de particules virales qui restent identifiées par leur ARN, sans que le virus soit en capacité de rendre malade ou de contaminer l’entourage.

Et une fois guéri, on est tranquille, immunisé à vie ?

C’est une question encore en suspens, il n’y a pas de certitude absolue. Il semble que la pathologie soit immunisante, on développe des anticorps qui nous protègent contre le virus. Cependant, les chercheurs n’ont aucun recul ni sur la qualité de l’immunisation ni sur sa durée.

Propos recueillis par Y.D.

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