La révélation d’un cas positif parmi les français rapatriés, confirmant que le virus sévit bien aux Comores, incite le préfet de Mayotte à “réarmer l’opération de lutte contre l’immigration clandestine”, en faisant patrouiller 7 bateaux “H24″, et en sollicitant le Mistral et le Nivôse: ” Depuis 4 jours, nous avons de nouveaux des tentatives de beechages de bateaux en provenance d’Anjouan. L’ambassadrice de France aux Comores a d’ailleurs élevé la voix pour déplorer l’absence de surveillance des bateaux au départ de leurs côtes. J’ai donc demandé au Nivôse et au Mistral, pour son moyen aéroporté, de participer à la surveillance.”
Jean-François Colombet a pris deux décisions de taille. La première porte sur la transformation du Centre de Rétention Administratif (CRA): “Depuis quatre jours, nous avons été amené à refouler plusieurs bateaux en provenance des Comores, dont 4 la nuit dernière. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’accueillir des dizaines, voire 200 porteurs du virus.” Des retours forcés vers l’île de départ, Anjouan, qui se font en partie accompagnés par des moyens nautiques, selon le représentant de l’Etat. Un des kwassas est vraisemblablement parvenu jusqu’à la plage. “Lorsque nous interceptons les étrangers en situation irrégulière, nous les placerons en quatorzaine au CRA. Car, selon le code des étrangers, nous ne pourrions le garder plus de 5 jours.” Ensuite, au bout des deux semaines de confinement forcés, et étant donné que l’Union des Comores a fermé ses frontières, les personnes retenues seront “soit renvoyées chez elles si les frontières ont rouvert”, “soit déposées chez un proche à Mayotte”.
La seconde décision porte sur l’interdiction de toute activité nautique sur le lagon, et donc de la pêche : “Uniquement, parce que les échos radars d’un kwassa et d’un pêcheur sont les mêmes. En interdisant toute activité nautique, les kwassas seront facilement repérés. Nous allons donc mettre en place un dispositif de soutien aux pêcheurs. Avec une indemnité de 3.500 euros pour ceux qui déclarent leurs revenus, et avec activation du Fonds de soutien du Département pour les autres.” Un nouveau coup dur pour une activité qui permettait de nourrir la population, et qui va priver les étals de poissons à l’approche du ramadan. On ne connait pas l’échéance de l’interdiction.
Anne Perzo-Lafond