Bonne nouvelle du côté des tests. Pour avoir regardé ailleurs du côté de l’Islande ou de l’Allemagne, on sait qu’ils garantissent une bonne prise en charge de la population. En ne testant pas seulement les personnes porteuses de symptômes, mais des malades développant des signes atypiques, c’est à dire voisins, ou manifestant d’autres pathologies, Mayotte a amélioré la prise en charge. Et conséquence, « nous avons eu beaucoup plus de cas positifs que l’on ne pensait », rapportait Dominique Voynet, directrice de l’ARS de Mayotte. Un homme qui n’avait aucun signe clinique qui était hospitalisé pour insuffisance rénale, s’est ainsi révélé positif au Covid-19.
Un constat qui invite à passer la vitesse supérieure. « Nous testons l’entourage de ce patient en tentant de reconstituer la chaîne. » Les besoins en réactifs mais pas seulement, vont donc croissant. Les laboratoires privés sont ainsi mis dans la boucle, comme en métropole : « Nous avons demandé au Centre hospitalier d’organiser la chaine de prélèvement et d’analyse en ajoutant les laboratoires privés. Mais étant donné qu’ils n’avaient pas le même réactif que le CHM, il a fallu les référencer. »
Une avancée majeure lorsqu’elle sera concrétisée, « nous allons pouvoir passer à 200 tests par jour », pour l’instant le rythme quotidien avoisine les 70. Pour mémoire, il est de 3.000 tests par semaine à La Réunion où la population est le triple de celle de Mayotte. Car il va falloir tester des professions comme les assistantes de vie à domicile, les surveillants de prison et les détenus, commentait Dominique Voynet, « Il faut plus d’équipes mobilisées sur le prélèvement. »
Des trous dans la raquette des décès ?
Les défis vont vite devenir immense, avec l’ambition de passer à 1.000 tests par jour, si et seulement si, l’appareillage commandé en métropole arrive : « Nous avons commandé il y a un mois et demi, le remplacement de celui du CHM qui arrive en fin de vie, et demandé plus récemment un appareil de test de plus grande capacité, pour lequel nous aurons besoin de faire venir des techniciens ». En montant d’un cran dans le dépistage, le nombre de cas devrait s’accroitre. C’est ce qui se passe depuis plusieurs jours indiquait par ailleurs Dominique Voynet qui doute que l’on puisse déconfiner le 11 mai comme dans l’Hexagone.
Pour l’instant, le Covid-19 a fait 4 victimes à Mayotte. Un 4ème décès est en effet survenu ce vendredi, sur un homme déjà fragilisé, « une personne très âgée, très maigre, on peut dire que le Covid n’a fait qu’aggraver son état général. »
Une interrogation demeure sur les causes des décès annoncés par l’INSEE comme 30% supérieurs sur la période du 1er mars au 6 avril 2020 comparée à l’année précédente. La directrice de l’ARS rappelle que des recherches sont menées pour lever toute ambiguïté, « nous reprenons tous les certificats médicaux pour les décortiquer. » Mais non sans difficultés, « partout en France les certificats de décès sont informatisés, à Mayotte ils sont transmis par les mairies une fois par mois, à notre demande, mais c’est irrégulier. » L’enjeu est de savoir « s’il n’y aurait pas eu un Covid non diagnostiqué, ou s’il s’agit d’une dengue ou d’un décès lié à une maladie chronique, ou autre chose. » Un décès que la ministre met aussi en lien avec le vieillissement des habitants, « passé de 2 à 4% de la population ». Le préfet Jean-François Colombet a de son côté annoncé qu’un médecin serait déployé auprès du mort à chaque fois que ce serait possible pour en identifier les causes.
Du répélant transporté par le Mistral
La dengue impacte toujours le territoire « dans une dynamique très forte », avec des équipes de lutte anti-vectorielle qui continuent à tourner, « nous étions en rupture de répélant (répulsif), mais il est arrivé avec le Mistral ». Une épidémie qui ne fait qu’ajouter à la tension de la gestion de celle du Coronavirus.
Trois centres prennent chacun en charge des personnes soit isolées, soit en quatorzaine lors de retour en avion. C’est le cas de voyageurs arrivant de Madagascar et des Comores, confinés au RSMA, une solution peu défendue par l’ARS à en croire sa directrice qui a annoncé « mettre au pot pour améliorer les repas » de Panima, un des éléments coinçant. Le centre d’hébergement de Tsararano est ouvert, « 5 personnes vont quitter l’hospitalisation pour y être logées », et le Centre de Rétention Administrative (CRA) est transformé en centre de quarantaine comme l’avait annoncé le préfet.
Enfin, la fabrication de masques a été évoquée lors de la conférence de presse. « En prévision de le rentrée scolaire, il en faudrait 2 par enfant, mais il n’y a pas de tissu à Mayotte avec la fermeture des commerces ». Un appel du pied.
Anne Perzo-Lafond
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