Il en va des tests comme de l’équipement en masque, les consignes évoluent vers l’embellie à mesure que les stocks se constituent. Des pénuries qui ont provoqué un temps de latence en France dont a profité le virus pour se propager, et qui a précipité la mise en confinement du pays. Tout se paye, et va se payer en paralysie de l’économie.
A Mayotte, les nouvelles sont enfin bonnes sur le front du dépistage puisque les tests vont être dégainés dans une proportion qui va tripler l’existant. Avec l’entrée dans la danse du seul laboratoire privé de Mayotte. Il va même dépasser le prévisionnel de 200 par jour, annoncé par Dominique Voynet, directrice de l’ARS Mayotte.
Un retard à l’allumage paradoxalement provoqué par une mesure destinée à protéger le territoire, l’arrêt des vols commerciaux, comme nous l’explique Didier Troalen, à la tête du seul Laboratoire de Biologie Médicale de l’île : « Notre livraison de réactif a été retardée de 10 jours, avec un certain délai de l’ARS pour nous appuyer dans notre commande. » N’ayant pas la même machine à tester que le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), il a dû chercher de son côté un approvisionnement en consommable, « mais c’est désormais réglé, nous avons reçu une boite de réactif, et 6 sont en route, le renouvellement des stocks est assuré. »
Les premiers tests ont été pratiqués la semaine dernière, « nous pouvons en fournir une centaine par jour, même plus, à raison de 24 toutes les deux heures. Avec des performances semblables à celles du CHM ».
Des tests précis mais à l’instant « T »
Justement, des études prouvant une part importante de « faux négatifs » à la suite de tests, c’est à dire de malades porteurs mais non dépistés, débouchent sur des taux inquiétant, 30% des malades seraient dans ce cas selon une étude de la KU Leuwen (l’université de Louvain), en Belgique, rapportée par FR3-régions. Ce qui jette le trouble sur l’efficacité des tests PCR. Pour Didier Troalen, les conditions dans lesquelles est pratiqué le test sont primordiales : « Quand le virus est présent, on le détecte à 100%. Mais il faut que le test PCR de prélèvement naso-pharyngé soit fait correctement, c’est à dire très profondément même si c’est douloureux, et au bon moment. » Lorsque le virus n’est plus dans la muqueuse nasale, il peut se retrouver dans les bronchioles, c’est alors une autre méthode de test qui doit être appliquée.
Comme tout acte de biologie du laboratoire, il est remboursé par la Sécurité sociale, mais sur prescription d’un médecin. « Nous nous positionnons en soutien du CHM si ses services sont débordés par un afflux de tests », ce qui semble bien parti au regard de l’accroissement du nombre de cas détectés positifs chaque jour, « nous nous attendons à une hausse de la demande ».
Quant aux fameux tests sérologiques, par prélèvements sanguins, qui vont permettre d’appréhender la proportion d’immunité de la population lors du déconfinement, ils sont toujours en cours d’évaluation a indiqué le premier ministre Edouard Philippe lors de son allocution dimanche. L’Allemagne a déjà lancé deux campagnes de ce type, pour savoir si le taux d’immunité au virus était suffisamment élevé avant d’autoriser une plus grande liberté de circulation. Didier Troalen est là encore sur les rangs : « Nous allons recevoir ces tests sérologiques mi-mai, analysés par un automate qui peut pratiquer une centaine de tests par heure. C’est très rapide, mais nécessite d’enchainer les prises de sang. » Les réactifs doivent auparavant être validés par le Centre National de Référence (CNR) pour le Coronavirus.
Anne Perzo-Lafond
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