Un des indicateurs du bon ou du mauvais suivi de la gestion des crises sanitaires, le nombre de décès est suivi avec attention. A nombre de cas similaires, et pour une population plus importante, l’Allemagne affiche ainsi 4 fois moins de décès que la France pour cette crise du Coronavirus.
L’INSEE qui effectue une comparaison verticale sur 3 ans en France en regardant la période épidémique du Covid-19, à partir du 1er mars, vient de livrer ses derniers chiffres.
Au niveau national, le nombre de décès totaux enregistrés à la date du 24 avril 2020 et survenus entre le 1er mars et le 13 avril 2020 est supérieur à celui enregistré sur les mêmes périodes en 2019 ou 2018 : 93 839 décès ont été enregistrés en 2020 en France (soit une moyenne de 2 130 décès par jour) contre 75.100 en 2019 et 83.108 en 2018. Entre le 1er mars et le 13 avril, le nombre de décès en France est ainsi supérieur de 25 % à celui enregistré à la même époque en 2019 et de 13 % à 2018, année de forte grippe saisonnière. Une surmortalité sur l’ensemble du pays qui s’explique par l’épidémie de Covid-19, avec un nombre de décès quotidien atteignant un pic de 2.610 entre le 1er et le 6 avril 2020.
A Mayotte, entre le 1er mars et le 13 avril 2020, nous dénombrons 131 décès en 2020 contre 102 décès en 2019 soit un écart de 29 décès et une progression de 28,4%, nous informe l’INSEE. La directrice de l’ARS avait annoncé investiguer pour en connaître l’origine.
Dengue et Covid en postulants principaux
Ses services signalent en effet 4 décès imputable au Covid-19, moins qu’aux Antilles mais plus qu’à La Réunion, et à la date du 20 avril, 12 liés à la dengue. Il est tentant donc d’imputer a posteriori les 29 décès supplémentaires à cette épidémie qui touche fortement l’île, mais Dominique Voynet regardait aussi du côté du Covid-19, ou d’autres pathologies. Beaucoup de personnes souffrant de maladies chroniques ne sont en effet plus suivies, par peur d’être contaminées, et décèdent parfois chez eux sans qu’un diagnostic précis ait été délivré.
On sait qu’en moyenne on compte trois fois plus d’hommes que de femmes traités pour des formes graves du Covid-19. Cela se vérifie sur les statistiques de surmortalité par rapport à 2019, qui touche d’avantage les hommes, + 27 % contre + 24 % pour les femmes, sur la France hors Bouches-du-Rhône. Cette plus forte hausse de la mortalité masculine par rapport à 2019 est marquée en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Grand Est, en Corse et en Île-de-France mais aussi à Mayotte, où les décès ont touché 72 hommes contre 59 femmes, une différence « peu significative » selon l’INSEE Mayotte, étant donné la faible taille de la population touchée.
Même si cette surmortalité est sans commune mesure avec les 144% du Haut-Rhin ou les 128% des Hauts-de-Seine, on ne peut traiter cette donnée mahoraise avec désinvolture. Dans un contexte où le chiffre des décès à Mayotte est toujours sujet à caution pour ne pas être tous déclarés, cette confirmation d’une forte surmortalité doit inciter à investiguer.
A.P-L.