La compagnie aérienne Air Austral annonce avoir sécurisé un financement de 86 millions d’euros. Depuis le confinement national, et international la compagnie régionale avait fermé une à une ses dessertes, maintenant deux allers-retours par semaine entre Roissy et La Réunion. A Mayotte, l’aéroport était passé en service zéro, puis minimum le 28 mars. Après avoir suspendu totalement les liaisons, un pont aérien de deux liaisons hebdomadaires avait été mis en place le 5 avril pour le transport du personnel de santé et le fret sanitaire.
La compagnie avance une réduction de près de 95 % de son activité par rapport à son programme initial sur les mois d’avril et de mai, assortie d’une perte de chiffre d’affaires. Avec huit autres transporteurs français, elle avait demandé l’aide de l’Etat pour traverser cette crise. Qui avait octroyé 7 milliards d’euros à Air France-KLM pour traverser cette crise du transport aérien.
Le gouvernement aurait mis un préalable, que les actionnaires mettent la main à la poche. Majoritaire à hauteur de 87% dans Air Austral, la SEMATRA, elle même contrôlée à 74% par la région Réunion et à 11% par le département de La Réunion, a débloqué un prêt de 30 millions d’euros en compte courant d’associés (avances de fonds).
Les retours au pays vont relancer la machine
Pittoresque retournement de situation, puisque la région Réunion en dépassant les 33% de prise de participation autorisée par un acteur public dans une société commerciale était régulièrement critiquée par la Chambre régionale des comptes. L’Europe condamne aussi ces pratiques qu’elle juge anticoncurrentielles. Le président de la Région, Didier Robert avait même eu l’intention de revendre 7 millions d’euros de parts.
Il est donc invité désormais à soutenir sa compagnie, personne ne va faire la fine bouche par les temps qui courent.
Air Austral a donc pu obtenir un Prêt Garanti par l’État (« PGE ») d’un montant de 56 millions d’euros octroyé par 3 banques à Air Austral, bénéficiant d’une garantie de l’État.
Ces 86 millions d’euros au total apportent à Air Austral « une contribution vitale, qui va lui permettre de couvrir son besoin de financement », indique la compagnie dans un communiqué. Le scénario établi par la compagnie s’appuie bien sûr sur le tourisme « affinitaire », c’est à dire les retours au pays des Mahorais et des Réunionnais pour les vacances, et le transit dans l’autre sens des métropolitains. L’impact de la crise est envisagé « jusqu’en juillet », puis « une haute saison au ralenti », et enfin, « un retour progressif à la normale d’ici la fin de l’année 2020 ».
La compagnie affirme faire preuve d’une très grande vigilance quant aux mois à venir. « Le contexte actuel extrêmement changeant, et la faible visibilité sur son évolution, peuvent avoir des conséquences sur le plan de marche. La compagnie se doit donc d’effectuer un suivi rigoureux et permanent des conditions d’évolutions des mesures gouvernementales et de leurs conséquences sur le comportement de voyages.
Dans cet univers incertain et pour y faire face , la compagnie va mettre en place une Task Force chargée d’assurer une veille permanente , d’identifier tout risque pouvant concourir à une dégradation durable de la situation et réfléchir au Plan d’adaptation. »
« Au nom d’Air Austral, je remercie notre actionnaire de référence la SEMATRA en particulier le Conseil Régional, pour sa confiance indéfectible en la capacité de réussite d’Air Austral. Je remercie l’Etat français ainsi que nos partenaires bancaires de leur importante contribution. Ces soutiens vitaux vont permettre à Air Austral de faire face à cette crise inouïe et de poursuivre sa route, avec la détermination et la mobilisation de ses équipes. Pour autant, le contexte très évolutif nous conduit à une extrême vigilance”, déclarait Marie-Joseph Malé, PDG d’Air Austral.
Dans ce contexte une table ronde sur la thématique du transport aérien à destination des outre-mer, est organisée par la délégation sénatoriale aux outre-mer mardi 19 mai, dans le cadre de l’étude de la délégation sur l’urgence économique dans les outre-mer à la suite de la crise de Covid-19.
Anne Perzo-Lafond