On se serait attendu à plus de rideaux levés ce lundi place Mariage. En ce lundi de réouverture officielle des petits commerces, la déception a été davantage au rendez-vous que les clients.
En effet, alors que la population est toujours confinée, le rush annoncé n’a visiblement pas eu lieu, et les commerçants touillaient leur soupe à la grimace. Il y avait bien du monde à Coméma, le magasin de tissus étant resté ouvert pour assurer la production de masques, mais le voisin Pêle Mêle ne pouvait en dire autant.
Après deux mois sans activité ni rentrée d’argent, la boutique a pourtant sorti ses deux salariées du chômage partiel pour accueillir la clientèle, habituellement nombreuse à ce moment de l’année. “Le Ramadan, c’est la période où il y a le plus d’achats” confirme Rachidi Bina, cogérant de l’enseigne de tissus. Pourtant ce lundi après-midi, il ne savait pas encore dire “si les clients seront au rendez-vous”. Et pour cause, sur la journée, le boutiquier ne comptait que 13 achats, soit moins de la moitié du chiffre d’affaire habituel. “On a rouvert ce matin, on avait commandé du stock mais on n’a même pas déballé les cartons” souffle le responsable.
Selon lui, plusieurs facteurs plombent l’activité, malgré la décision du préfet de rouvrir les petits commerces. Il y a les clients “qui ont peur” avec l’épidémie et “les administrations fermées, qui sont de gros clients”. Ensuite, le confinement condamne les rassemblements. Or, “une grosse partie de nos produits est destinée aux manzarakas et autres rassemblements, avec l’épidémie, on s’attend à moins d’engouement, même si on reste ouverts”.
Pourtant après deux mois de fermeture et près de 30 000€ de perdu, le magasin aurait bien eu besoin de retrouver ses clients. Faute de pouvoir agir sur ce levier-là, Rachidi Bina penche plutôt pour un changement de stratégie. “A nous de nous adapter, avec la vente à distance. Par le passé, on a déjà essayé de vendre sur Internet, ça demande beaucoup de logistique, mais il faut résister. Après, on verra.”
Y.D.